En immersion c'est le mot juste!
Batwoman où la série absolument géniale de J.H. Williams III. Ce mec est un génie du dessin et de la découpe artistique de ses planches. Un véritable régal pour les yeux. Une explosion oculaire. Après une tome 0, pré new 52, absolument génial tant par son originalité graphique que par sa qualité scénaristique, et un tome 1, post new52, un peu en dessous, c’est avec une petite appréhension que j’attaque ce tome 2 de Batwoman, « En immersion ». Appréhension d’autant plus grande que J.H. Williams III n’est plus au dessin…
La Traque de Batwoman pour retrouver des enfants disparus continue. Alors que sa romance avec l’inspecteur Maggie Sawyer connaît des hauts et des bas et que sa cousine, Flamebird, est toujours dans le coma, la justicière recrutée par le D.E.U.S va devoir découvrir le secret de l’organisation criminelle Medusa. (contient Batwoman Vol. 2: To Drown the World – #6-11 + NEW 52 #0)
Alors passons tout de suite à la grosse inquiétude : l’absence de J.H. Williams III ! Déjà premier bon point il signe les dessins du numéro 0. Alors certes, ce numéro 0 est un peu un part. En règle générale les numéros 0 servent à approfondir l’intrigue principale, où se situent dans le passé. Cette série étant assez jeune, l’équipe créative a décidé de faire écrire une lettre à Kate à l’attention de son papa. Ce numéro 0 prend aux tripes, je l’ai trouvé très intense en émotion. Mais par contre il n’est pas propice à y voir un travail si orignal comme l’a fait J.H Williams sur les tomes 0 et 1. C’est presque du classique.
Autre petit bémol, la présence de ce numéro 0 en début de tome. Il aurait gagné encore davantage en intensité s’il avait été placé en fin de tome.
Pour les numéros 6 à 8 on retrouve Amy Reeder et Trevor McCarthy pour les numéros 9 à 11. Là on a du bon et du moins bon. Le moins bon avec Amy Reeder qui est bien loin d’atteindre le niveau de Williams. Et même si par moment on se retrouve avec une mise en page qui nous rappelle un peu l’artiste, c’est bien trop rarement le cas pour vraiment nous emporter. On se retrouve le plus souvent avec des cases classiques et d’une qualité générale bien en dessous des précédents tomes. C’est néanmoins bien rythmé et l’on ressent bien les émotions des protagonistes.
Heureusement, viennent ensuite 3 chapitres Trevor McCarthy qui eux, pour le coup sont vraiment très beaux, vivants, avec une mise en page, une découpe, des cadrages vraiment originaux et redonnant une vraie identité graphique au titre.
Au final, on démarre avec du Williams III, une petite baisse graphique pour repartir en apothéose avec les 3 derniers chapitres absolument superbes.
Niveau scénario, c’est beaucoup mieux que le tome 1, voir peut-être même mieux que le tome 0. On garde l’aspect sombre et sans espoir de Gotham, que l’on peut retrouver dans la plupart des titres du Batverse, auquel on rajoute une dose de magie et une pointe de fantastique. Le tout rend le titre absolument fascinant.
Fascinant de par la complexité de Kate Kane. Fascinant de par la qualité, l’intérêt des personnages, des ennemis qui gravitent autour d’elle. Facinant de par la mode narrative de Williams et Haden Blackman. Les deux qui vont s’amuser, un peu à la manière d’un Grant Morrison, à multiplier les bonds temporels. Passé, présent, présent, passé. Le tout plus ou moins loin dans le temps. Juste excellent même si cela pourrait en dérouter certains.
Batwoman continu donc son enquête sur la disparition d’enfants. Elle va découvrir que toutes ces disparitions n’ont rien à voir avec de simple kidnapping. Elles servent un destin beaucoup plus fantastique. Elle va croiser la route d’une femme d’eau, de Bloody Mary, d’un Croc ayant muté et d’un métamorphe à l’égo et aux ambitions démesurés. Tous ces monstres obéissant à la mystérieuse Médusa, dont on ne verra, qu’une fois seulement, en tout et pour tout la main gauche.
Son enquête va s’entremêler tout au long du tome avec l’enquête de sa compagne Maggi Sawyer pour qui, on va l’apprendre, cette enquête importe beaucoup, avec les agissements de Cameron Chase pour D.E.US., avec les visites de son père Jacob à sa cousine Bette, moments lui permettant de se faire une auto critique assez poignante, avec les agissements de Maro le métamorphe surprenant qui s’amuse à créer des monstres ou à la modifier (comme avec la transformation de Croc).
Batwoman va donc remonter peu à peu jusqu’aux ravisseurs. Entre surprises, révélations et trahisons, son enquête ne va pas être simple. D’autant plus qu’elle va penser trouver le responsable qui ne s’avéra être qu’un simple pion manipulé par Maro lui-même, sans doute pion de Médusa, mais ça nous le découvrirons dans le tome 3 qui s’annonce grandiose. Avec l’aide de Cameron Chase, et surtout des formidables moyens de D.E.US., et d’une nouvelle alliée, que je vous laisse découvrir, elles vont apprendre que Médusa n’a aucun scrupules.
Autre aspect intéressant de ce tome, c’est le travail sur le côté torture mentale de Kate Kane. Elle se retrouve à devoir travailler pour le D.E.U.S. malgré les mises en gardes de Batman, la culpabilité de ce qui est arrivé à sa cousine, et son égo qui l’empêche de faire le premier pas vers son père, malgré son envie de le faire, font que la pauvre femme ne sait plus du tout où elle en est et n’est plus totalement maître de ses actes.
Nous avons donc un tome intense, riche en évènements, il se passe toujours quelques choses que ce soit dans la vie de Batwoman, de Kate ou de ses proches. Toujours un petit truc pour nous tenir en haleine. Et la découpe temporelle mise en place par les auteurs y est pour beaucoup. Pas le temps de se reposer dès que ça se calme un peu sur l’action avec Kate, bam ! on passe dans l’émotion avec Jacob puis bam ! on arrive dans le fantastique et le mystique avec Maro et bam ! on revient sur l’enquête de Batwoman ! Bref un rythme soutenu qui nous prend à la gorge. On commence ce tome et en un rien de temps c’est fini, on est obligé d’attendre la suite.
On prend plaisir à suivre les aventures de Kate. Du moins je prends plaisir. Cette nana est tellement attachante, tellement intéressantes. Et on l’ai encore davantage après la lecture du numéro 0. Les auteurs ont su trouver les mots justes pour que l’on ai encore davantage d’empathie pour Kate Kane. On aimerait qu’elle se pose dans sa vie, mais en même temps quand elle embrasse une autre femme, on est tout aussi dubitatif qu’elle. On se pose les mêmes questions qu’elle, tellement je trouve ce personnage proche de nous.
Mais les autres personnages sont tout aussi forts. Comment ne pas être toucher par les confidences que fait Jacob au chevet de la cousine de Kate, lui l’officier tant gradé qui craque de la sorte. Comment ne pas être intrigué par cet univers noir et magique que nous propose Médusé et ses subalternes. Comment ne pas apprécier le caractère, les convictions de Maggie Sawyer, super flic qui contre balance totalement avec Gordon qu’on a tellement l’habitude de voir dans le Batverse.
Bref Batwoman tome 2 confirme mon impression du départ. Nous avons là une excellente série. Un personnage attachant et captivant. Et même si les dessins de Williams III manquent un peu, son absence n’enlève rien à la grande qualité de ce titre. Ce tome 2 de par ses bonds temporels, de par sa qualité graphique générale, de par ces nouveaux personnages secondaires, de par son intrigue mystique, est une pure merveille.