Premier tome de la série Champignac, Enigma s’aventure dans l’histoire du célèbre comte scientifique, mais sans trop se salir les bottes dans la gadoue narrative. BéKa et David Etien nous offrent une bande dessinée qui oscille entre hommage et ambition, le tout saupoudré d’une bonne dose de mystère à l’ancienne. Pourtant, sous la jolie couche de spores scénaristiques, ça ne décolle pas toujours aussi haut qu’on l’aurait espéré.
Dès les premières planches, le comte de Champignac s’impose comme un mélange de savant génial et de gentleman aventurier, un peu comme si Sherlock Holmes s’était fait un trip aux champignons hallucinogènes. L’idée d’un préquel centré sur ce personnage attachant est séduisante, et l’histoire, se déroulant en pleine Seconde Guerre mondiale, a de quoi titiller la curiosité. Espions, inventions loufoques, et nazis peu subtils : la recette fonctionne… mais pas sans quelques grumeaux.
Le scénario de BéKa nous invite à une chasse à l’énigme teintée d’espionnage, mais il manque parfois de souffle. Certaines péripéties sentent un peu le recyclage, et on reste en surface des enjeux émotionnels. On aurait aimé un Champignac plus vulnérable, plus complexe, plutôt que de le voir simplement jongler entre des dialogues convenus et des répliques qui manquent de champ (ignac).
En revanche, les dessins de David Etien sont un véritable régal pour les yeux. Ses décors détaillés et ses ambiances parfaitement maîtrisées sauvent l’album de l’ennui potentiel. Chaque case regorge d’une richesse visuelle qui donne envie de se perdre dans ce monde, même si le scénario n’a pas toujours la même profondeur.
En résumé, Enigma est une entrée en matière prometteuse mais qui ne sort pas encore des sentiers battus. C’est un champignon qui manque un peu de saveur, mais on en reprendrait bien une bouchée, ne serait-ce que pour les magnifiques illustrations et l’envie de voir si la suite saura cultiver le potentiel de ce spin-off. Un apéritif correct, mais on attend le plat principal avec impatience.