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Quand Blueberry débute sa carrière en jouant les diplomates avec un flingue dans une main

Avec Fort Navajo (1965), Jean-Michel Charlier et Jean Giraud (alias Moebius) lancent une des plus grandes sagas du western en bande dessinée. Ce premier tome pose les bases d’un univers où les colts parlent autant que les dialogues, et où le Far West se révèle aussi impitoyable que captivant. Blueberry fait une entrée fracassante, prouvant qu’on peut être un héros sans chapeau blanc et avec une gueule de bois.


L’histoire s’articule autour de tensions explosives entre les colons et les Apaches, le tout orchestré sur fond de méfiances mutuelles et de plans qui tournent mal. Blueberry, lieutenant aussi charismatique que borderline, se retrouve chargé de maintenir la paix dans ce panier de serpents à sonnette. Mais, bien sûr, rien ne se passe comme prévu : alliances brisées, attaques surprises, et une pincée de chaos général.


Blueberry, dès ce premier tome, s’impose comme un héros atypique. Loin d’être l’archétype du cow-boy impeccable, il est impulsif, rusé, et n’a pas peur de se salir les mains (ou le visage). Sa loyauté et son sens de la justice, bien que parfois enfouis sous un caractère bien trempé, le rendent immédiatement attachant. On sent qu’il est aussi perdu dans cet environnement hostile que les lecteurs, mais il avance avec un mélange de débrouillardise et de sarcasme.


Les personnages secondaires, bien que légèrement esquissés dans cet opus, montrent déjà des promesses. Les chefs indiens, les colons paranoïaques, et les soldats coincés entre obéissance et survie ajoutent des couches de tension et de réalisme à l’intrigue.


Visuellement, Jean Giraud livre des planches saisissantes, où le désert du Far West devient un personnage à part entière. Les grandes étendues arides, les ciels immenses, et les scènes d’action nerveuses donnent une profondeur incroyable à l’histoire. Bien que le style de Giraud ne soit pas encore à son apogée, ses dessins regorgent déjà d’énergie et de détails.


Narrativement, Charlier tisse une intrigue complexe et bien rythmée, où les enjeux politiques et humains se mêlent à une action effrénée. Les dialogues sont ciselés, avec une dose de tension constante et des échanges percutants. Cependant, l’intrigue peut parfois sembler un peu dense, avec des retournements qui s’enchaînent rapidement sans toujours laisser le temps de respirer.


Le ton général est sombre et réaliste, mais Charlier n’hésite pas à insérer des touches d’humour, souvent portées par le cynisme de Blueberry. Ces moments offrent un contraste bienvenu et renforcent l’attachement aux personnages.


En résumé, Fort Navajo est une introduction captivante à l’univers de Blueberry, où Charlier et Giraud démontrent déjà leur maîtrise du western en bande dessinée. Entre action, intrigue, et portraits psychologiques, cet album pose les bases d’une saga qui marquera le genre. Un début de série où la poudre parle fort et où Blueberry prouve qu’il est déjà un as du poker... dans tous les sens du terme.

CinephageAiguise
8

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Créée

le 19 déc. 2024

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