Troisième et dernier tome de la saga Nikopol, Froid équateur nous fait encore changer de narrateur. Après Nikopol père dans le premier, et Jill pour le numéros intermédiaire nous retrouvons Nikopol fils, qui jusque là avait joué un rôle très effacé, à la poursuite de son père en plein Afrique.
Censé se passer 9 ans après La Femme Piège, ce tome va à contre-courant total de ce à quoi on pouvait s'attendre. On ne voit pas Nikopol, Horus et Jill fuyant les dieux égyptiens, mais plutôt la fin de leur voyage. Aucune réponse n'est véritablement donné, seule des situations.

Au niveau graphisme, on retrouve un Bilal très pré-Nikopol, plus claire, moins sombre, la saleté et la crasse sont très présent dans ce tome, mais le gris et le noir ont laissé la place au blanc ou des couleurs plus délavés, une ambiance de vieil hôpital se fait sentir durant tout le tome.
A la fois cohérent visuellement avec les tomes précédents, le changement se veut aussi plus moderne et marque donc une suite logique pour cet endroit si éloigné de Paris.

Bon, pour l'histoire ... C'est un peu complexe, on ne suit plus Horus-Jill-Nikopol père, mais Yéléna-Johnelvis-Nikopol fils. Ce dernier, vu très rapidement dans les deux tomes d'avant paraissait très effacés, gagne en présence. Un jeux va d'ailleurs se faire entre le père et le fils, à quel point le lecteur peut il les interchanger ? A mon sens assez peu au final.
Le père est un paumé temporelle tandis que le fils se sent juste perdu naturellement. Le père agit plus par conviction, pas envie, par émotion que le fils qui peut se laisser perdre aux sentiment de jalousie ou de passion avec une humanité très éloigné de l'intellectualisme humaniste du père. Intellectualisme limité quand on voit la réaction très primaire de Nikopol. 9 ans qu'il héberge un Dieu dans son corps, forcément, il est un poil épuisé psychiquement. La seule chose qu'il désire encore c'est retrouver Jill et leur enfant. On sent qu'il est arrivé au bout du rouleau, que ce pacte divin arrive à son terme, qu'il n'en peut plus. Ce sentiment d'épuisement qui émane de lui jure avec son statut de héros, dans le même temps, il est presque invisible durant toute l'histoire. On le voit plus comme une ombre du passé, à moitié fou, paranoïaque, devenu dérangé à force d'être avec un Dieu et qui finit lui même doté de pouvoir divin de haut niveau. Amusons nous d'ailleurs de cette fin, où finalement le père amnésique finit avec celle dont le fils était amoureux tandis que celui-ci est envoyé en hibernation dans l'espace, situation identique à celle de son père, 41 ans plus tôt ... Se faisant, Bilal mélange encore plus les deux Nikopol et il faudra tout un jeux de patience au lecteur pour profiter de leurs différences.
Yéléna-Jill sont les deux "femmes". Yéléna est celle du présent, celle que Niko (et le lecteur) découvre(nt) par hasard dans le train. Celle qui est dragué par se gros prétentieux de Johnelvis et qui malgré ses médailles ne fait attention qu'à Nikopol fils, le surnommant Niko, le rendant différent de son père pour le lecteur. Un coup de flash du présent qui permet à Niko (et au lecteur de nouveau) d'oublier son père, son passé, etc ... Yéléna est, de plus, une femme intéressante, biogénéticienne passionée par les cas d'exception, elle reste femme, séduisante et tombe amoureux avec un coup de foudre et non pas avec la gloire. Le tout en ayant les pieds sur terre, consciente que sa relation passionelle avec Nikopol ne pourra durer que 7 années tumultueuse. Rappelant de se fait (pour le lecteur uniquement) que le Nikopol qui partagera une partie de sa vie avec Yéléna est immortel et donc, que si il a été handicapé temporelle, il va l'être encore plus, condamné à vivre en décalé avec le reste de l'humanité. De l'autre coté, Jill est la femme du passé. Plus mystérieuse et moins active que dans le précédent volume, elle reste entouré de secrets. On sent qu'elle marque la relation finie, celle qui a échoué, celle qu'on est forcé d'oublier avec la drogue tant elle fut essentielle pour elle. Jill est aussi une clef de réponse, elle a enfanter le fils de Nikopol-Horus, elle a donné la vie à un demi-dieu. Cette thèse, fugacement raconté à la fin du tome est plus développé dans le film et laisse présager qu'elle fut au centre enfaite d'une histoire essentielle.
Le dernier couple que je vais mentionner commence avec Johnelvis, il sert à montrer toutes les limites de ce mondes, celui qui ne voit la vit que comme des suites d'échelles pour mesurer toute chose (taille, température, dangerosité, maladie, capacité intellectuelle, beauté). Cet amour des échelles et des règles humaines s'oppose à Horus, qui après s'être humanisé a compris les limites des hommes, a compris qu'à force de vouloir créer des cases, des catégories, des nations, des boites (des échelles en sommes), l'Homme se détruit. Il y a là toute une symbolique dans le meurtre de Johnelvis par Horus. Le symbole du divin qui détruit l'Homme. Cette destruction est ce que Horus a prévu, ce qu'il souhaite maintenant qu'il a compris que sa désertion pouvait être à l'origine d'un ordre nouveau, en harmonie avec ses pairs et résultant de la destruction humaine.

Cette étrange remise à 0 des compteurs du monde semble cependant ne pas être une fin immédiate de l'humanité, mais longue et peut être même sélective. Horus a, après tout, laisser sur Terre son enfant et un Nikopol demi-dieu...
Comment cela se terminera t il pour cette nouvelle trinité divine ?
Bilal nous laisse seul maître.
mavhoc
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le 13 févr. 2013

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mavhoc

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