Sombre, sale, taciturne et plus prompt à défier le Diable qu'il ne le faudrait, John Constantine tel qu'il m'est apparu lors de ce premier contact ô combien prometteur me rappelle par moments l'atmosphère d'un Sandman (création de Neil Gaiman, rien de surprenant donc puisqu'il a aussi collaboré sur la série de notre Hellblazer). Rien que de bien alléchant, donc.
Commencer par ce tome est peut-être une façon un peu cavalière de faire connaissance avec le bonhomme, alors que je n'ai rien lu d'autre et que cette histoire se place à la suite d'une petite chronologie déjà bien formée, mais diantre, John, toi et moi nous sommes croisés justement au détour des aventures de Morpheus le maître des rêves, alors, ce n'est pas comme si nous étions de parfaits inconnus. Et tu m'avais plu, déjà. Ton apparition avait été éclairante et enrichissante et tu étais loin de servir de simple faire-valoir au Sandman. Je t'avais bien aimé, alors. Je t'ai donc (re)découvert ici avec plaisir, alors que ce tome tout nouvellement sorti (en France, du moins ...) me lançait des regards en coin.
L'atmosphère est pesante et chargée de regrets. Constantine est un chasseur de démons, de monstres, un sorcier aussi. Constantine est un homme que tout le monde déteste : les habitants de l'enfer qui n'attendent que lui, mais aussi les êtres arpentant cette terre ; ses amis sont morts à cause de lui, les autres risquent de bientôt mourir à leur tour, et Constantine est seul et amer. Constantine, portant le poids de ses mauvais choix et de sa dure existence sur les épaules, apprend l'arrivée de son cancer. Constantine sait que le diable ne veut que lui. Constantine ne veut pas rencontrer Lucifer, pas encore, pas s'il peut lui échapper.
Alors, faisant face comme il le peut, crachant ses poumons, au bout de sa vie, entouré de regrets et de culpabilité, Constantine se lance dans un ballet avec le diable. Et il le mène de main de maître, notre Constantine ivre mort et maître de la magie autant que de l'insulte vulgaire. Avec des anciennes amitiés, des nouvelles, des indics, des jolies Miss Irlande, de la magie qui transforme l'eau bénite en bière, et du sang qui gicle. Et de la mélancolie et des regrets.
Bilan : j'attends de lire d'autres aventures avec impatience. Les différents dessinateurs de ce premier recueil distillent une belle ambiance, et l'atmosphère poisseuse nous prend aux tripes pour une narration sans failles et sale juste comme il faut. Avec des démons en plus.
Et puis, franchement, ils citent les Pogues là. Une de mes chansons préférées. Comment vouliez-vous que je résiste.