Gatsby à Shanghai, c'est magnifique
C’est l’un des films les plus attendus de l’année. D’ici quelques semaines sortira au cinéma une nouvelle adaptation de "Gatsby le magnifique", avec l’australien Baz Luhrmann (le réalisateur de "Moulin rouge") derrière la caméra et Leonardo Di Caprio dans le rôle principal. En attendant cet événement cinématographique, les amateurs du célèbre livre de l’auteur américain F.Scott Fitzgerald peuvent d’ores et déjà se délecter d’une autre version de cette histoire, en BD cette fois, avec aux manettes le scénariste Stéphane Melchior-Durand et le dessinateur Benjamin Bachelier. Lorsqu’on découvre ce livre publié par les éditions Gallimard dans la collection « Fétiche » (dans laquelle on retrouve d’autres adaptations en BD de chefs d’oeuvre de la littérature), on est d’emblée frappé par la beauté de sa couverture, un dessin plein de finesse et de couleurs sur lequel on voit un personnage un peu dandy, perdu au milieu d’une fête. Ce personnage, c’est Nick Carraway, un petit architecte fasciné par son nouveau voisin, un mystérieux millionnaire qui s’appelle Jay Gatsby. On ne sait pas exactement à quoi celui-ci ressemble ni d’où vient son immense fortune, mais toute la ville parle de lui car il organise en permanence des fêtes somptueuses dans sa villa luxueuse. Nick va entrer en contact avec Gatsby par l’intermédiaire de sa cousine Daisy Buchanan. Devenu le confident du millionnaire, il se rend compte qu’en réalité, la seule véritable ambition de Gatsby est de reconquérir Daisy, son amour de jeunesse. Le problème, c’est que celle-ci a un mari, Tom, un personnage un peu rustre qui la trompe avec l’épouse d’un garagiste mais qui voit d’un très mauvais oeil l’intérêt de ce riche arriviste pour sa femme… Petit à petit, les éléments d’un inévitable drame se mettent en place. Le scénario de Melchior-Durand est fidèle au livre de F.Scott Fitzgerald: tout comme l’auteur américain, sa BD illustre bien la superficialité d’une certaine bourgeoisie, dans laquelle les fêtes les plus fastueuses et le luxe le plus tapageur ne parviennent pas à combler le vide et l’ennui. Mais là où la BD se démarque du roman, c’est qu’elle ne se situe pas à New York dans les années 1920 mais à Shanghai dans les années 2000. Et ça, c’est une belle trouvaille, car elle permet à Bachelier de dessiner un sublime décor urbain et démesuré, peuplé de gratte-ciels et de buildings tous plus modernes les uns que les autres, comme on les retrouve dans la Chine capitaliste et matérialiste d’aujourd’hui. Malheureusement, le dessinateur n’a pas toujours le même talent pour croquer les personnages (on a parfois du mal à distinguer Nick de Gatsby), mais malgré tout, cette version BD de "Gatsby le magnifique" reste une belle réussite, grâce à ses graphismes envoûtants et à un scénario qui l’est tout autant, même si beaucoup de questions demeurent sans réponse… Car Gatsby le magnifique reste aussi et avant tout Gatsby le mystérieux.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.