Un Pamphlet social

Très franchement, à mes yeux, la collection DC Archives d’Urban Comics, est sans aucun doute l’une de mes préférées. On est sûr, à l’avance, en entamant notre lecture, que l’on va avoir le droit à un super moment de lecture ! J’en étais persuadé en me lançant de ce Green Lantern/Green Arrow par Dennis O’Neil et Neal Adams.
Ces deux personnages sont connus pour leur petit côté tête brûlée, pour ne pas dire sanguin, forcément, un tel duo ne peux être que savoureux. Et avec deux architectes comme O’Neil et Adams aux commandes, on salive d’avance.

Imaginées par Dennis O’Neil et illustrées par le légendaire Neal Adams, les aventures combinées de Green Arrow et Green Lantern, marquées par la politique libérale des années 60-70, ont bouleversé l’industrie des comics par leurs thématiques modernes, profondément ancrées dans les problématiques sociétales de l’époque. Le racisme, la violence, la drogue, la corruption, furent autant de sujets abordés par la vingtaine d’épisodes recueillis dan cet album complet inédit. Une nouvelle étape dans l’évolution du médium.
(Contient les épisodes de Green Lantern #76 à 87, #89, Flash #217 à 219 et #226)

Forcément, avec un artiste comme Neal Adams aux dessins sur ces épisodes, il m’était impossible de ne pas commencer par la partie graphisme.

On se retrouve ici avec des épisodes qui ont déjà traversé cinq décennies, et pourtant c’est toujours autant une chance de pouvoir admirer de tels dessins ! C’est toujours aussi fabuleux ! Neal Adams est un artiste hors du commun qui excelle sur les personnages. Chaque gros plans sur leurs visages est bluffant de réalisme sur le travail des émotions.

Une claque visuelle à chaque page, un régal pour les yeux, c’est un plaisir de chaque instant du début à la fin. Comment ne pas profiter d’un tel comics lorsque l’on a de tels dessins ?

En volant tranquillement dans le ciel de Star City, Hal Jordan, Green Lantern tombe sur une bande de voyous en train d’agresser un homme, donnant l’impression d’être une pauvre victime respectable. Alors qu’il lui porte secours, il est littéralement lynché par les habitants du quartier ! Hal Jordan est surpris est n’y comprend rien.

C’est alors qu’intervient Green Arrow qui lui explique que l’homme qu’il vient de sauver n’est qu’une ordure qui ne cherche qu’à expulser les habitants extrêmement pauvres du quartier de leurs appartements délabrés. Le choc est violent pour Hal, qui était persuadé d’avoir bien agi, et qui comprend que l’habit ne fait pas le moine. La douche est encore plus froide lorsqu’un vieil afro-américain s’approche de lui, lui reprochant de plus se consacrer aux extraterrestres qu’aux minorités de se propre planète !

C’est un électrochoc pour notre Green Lantern, il décide alors de partir à travers tous le pays, accompagné de Green Arrow et d’un des Gardiens pour qui « travaille » Hal.

A partir de là, le lecteur s’embarque pour une odyssée à travers les USA, où nos héros abandonnent les missions spatiales, les monstres ou autres super-vilains capables de plier le monde à leur volonté grâce à leurs pouvoirs, pour faire face à des problèmes bien plus réelles, bien plus concrètes. Les mauvais traitements faits aux femmes, la pollution, le racisme, notre façon de consumer toujours dans la surenchère ou encore la drogue !

Des problèmes concrets donc, qui commençaient à peser, qui pèsent encore énormément sur les habitants du monde, sur les vrais gens. Dans les années 70, les gens commençaient à s’éveiller à tous ces problèmes, des problèmes qui sont de véritables fléaux encore aujourd’hui. En plongeant nos héros « fantastiques » face à des problèmes aussi sociétaux, un incroyable réalisme s’installe. Même… même s’il faut bien reconnaître que sur certains sujets, on ressent un certain pris, pour ne pas dire quelques préjugés.

A travers ce voyage, à travers ces épreuves, Green Lantern est assaillis de doutes, se demandant sans cesse sur ce qui doit être fait ou non. Il se retrouve dans des situations où il en est même réduit à se demander s’il se retrouve face à un gentil ou un méchant. Il réalise qu’il est bien plus facile de faire appliquer la justice dans l’espace à travers des combats de science-fiction que sur Terre face à de vrais gens, traversant de vrais problèmes.

Surtout tout n’est pas tout noir ou tout blanc ! Les gentils peuvent cacher des vices ou répondre au mal par le mal. Les méchants peuvent avoir de sérieuses circonstances atténuantes et ne pas forcément mal agir pour mal agir, avec de mauvaises intentions. Des circonstances qui nous montre à quel point, en 1971 il était impensable, moralement, pour un scénariste, de faire mal agir son héros, de lui faire transgresser la loi, même si c’est pour faire le bien. Les choses ont bien changées en cinquante ans !

On se retrouve donc avec des histoires assez sombres, violentes, avec beaucoup de mort, mais quel meilleur moyen de montrer la violence de notre monde ?

Le duo fonctionne bien, pas mal de disputes, pas mal de doutes, pas mal d’interrogations, mais toujours la possibilités de compter sur l’autre pour mettre une grande claque pour remettre les idées en place. Green Arrow et sanguin, impulsif, encore plus quand les coups portent sur Black Canary ou Speedy (avec l’incroyable épisode sur les addictions).
On peut noter également la première apparition de John Stewart, dénotant énormément avec Hal Jordan.

Bref, des intrigues, des aventures coup de poing. C’est très sombre, c’est très social, c’est très réaliste. Des personnages qui nous emportent, des dessins qui nous font voyager, et un scénariste qui pointaient des problèmes qui sont les fléaux de notre monde contemporain. C’est un classique qu’il faut absolument lire.