En bon fan de comics que je suis, quand je vois apparaître le nom de Grant Morrison sur un titre, je ne peux pas ne pas le lire. Entre sa Doom Patrol, son Batman, ses X-Men, son Multiversity et son Final Crisis, on peut dire ce qu'on veut, mais l'auteur au front impeccable a un tel CV qu'on ne saurait douter.
Et c'est peut être là le premier défaut de Happy : on en attend trop. Comme si Morrison n'avait pas le droit d'écrire un récit simple voir simpliste. C'est un vrai soucis et je ne vous mentirai pas en disant que si ça n'avait pas été écrit par Morrison ma note aurait eu un point en plus. Pour autant, Happy n'est pas juste un récit qui doit porter le nom de son auteur c'est également un mauvais récit.
Happy nous présente Nick Sax, ancien policier, devenu tueur à gage alcoolique, qui suite à un contrat détient un mot de passe pour obtenir une petite fortune. Alors qu'il va se faire tuer par le bosse de la mafia locale, Happy, un petit âne bleu volant fantaisiste apparaît et l'aide à s'en sortir. Cette étrange petite créature n'est vue que par Sax et est là pour conduire Nick vers Harley, petite gamine aux prises d'un violeur d'enfant déguisé en Père Noël.
Sauf qu'après avoir semé la mafia, Nick n'a qu'une idée : fuir très loin pour sauver sa peau. Puis finalement peut être qu'il va revenir en arrière et sauver Harley après un twist pathétique.
Le problème fondamental d'Happy est son manque d'originalité global. Derrière l'idée saugrenue du personnage d'Happy, tout le reste est vu, revu, et déjà vu. Le coup de la mafia qui court après un type qui lui veut fuir alors qu'il a un devoir moral, le tueur violeur et fétichiste bizarre, comme par hasard le fait que le combat contre le pédophile soit lié aux grands méchants en place qui voulait tuer le héro. Évidemment on a le droit à un twist médiocre visant à faire croire à des émotions. On a l'ancienne alliée du héro qui est une flic véreuse mais finalement choisit le bien. On a le coup du divorce qui a jamais été réellement assumé à cause d'un métier difficile.
On passe de cliché en cliché, avec des personnages fondamentalement creux et vide, seul Happy sauve un peu le bousin. L'enchaînement d'action et le côté crade nous donne le sentiment de lire un sous-sous-Sin City. Ca fait mal !
Darick Robertson sauve la chose visuellement en donnant quelque chose de réaliste et sale comme il faut pour ce genre de récit.
On referme cependant le tome en se disant qu'on a lu une série B médiocre et que quitte à avoir une vie sale, une mafia, un pédophile, des policiers véreux et de l'action à foison, on préférera largement Sin City.