C’est sur un sport bien démodé, que certains pourraient juger obscène, que se porte le récit de Kawada. Pourtant, cette œuvre n’en reste pas moins d’une grandeur inégalée dans les mangas de sport.
Hinomaru née chétif et faible, ou plutôt deviendra chétif et faible, car au temps de l’enfance, celui-ci connaîtra la joie de la victoire. Puis l’âge changeant les corps, le gouffre grandissant, séparant à jamais notre héros de ses pairs.
Seulement, pour ce petit garçon et devant les yeux plein d’espoir de sa mère, l’abandon ne semble plus être une option. Alors, quelles que soit les douleurs encourus, il plongera dans ce sport si cruel, dans cette lutte constante et animal, où la notion même de gabarit est devenu étrangère.
Des jours d’assiduité, de la sueur d’entraînement, des larmes parfois. Puis l’affrontement, une poignée de secondes, un dohyō si petit, une destinée si injuste. Ce lieu où seule la force brute règne, où la rage devient le meilleur allié, où chaque genou à terre est synonyme de défaite.
Hinomaru sumo, et ces pages, où se dessine l’art de défié Dieu. En opposition à toute ordre naturel, s’engouffrer dans sa propre faiblesse, pour ensuite cultivée cette dernière. Trouver de la puissance dans le néant, oser, et découvrir dans cette quête sacrificielle, dans cette souffrance absurde une grandeur méconnue jusqu’alors.
Le conte d’une passion qui dévore tout, jusqu’au corps ; d’une victoire contre tous et d’une volonté de fer, capable d’entraîner avec elle un monde tout entier. Une œuvre que j’acclame pour la puissance de ses évocations, qui reste parfois répétitive, mais, dès lors qu’on apprécie les récits portés sur la volonté et l’effort, un incontournable.