Ce tome fait suite à Invincible T15 - Petit Malin (épisodes 79 à 84) qu'il faut avoir lu avant. Il comprend les épisodes 85 à 90, initialement parus en 2011/2012, tous écrits par Robert Kirkman. Les épisodes 85 & 86 ont été dessinés et encrés par Cory Walker, avec une mise en couleurs de FCO Plascencia. Les épisodes 87 à 90 ont été dessinés par Ryan Ottley, et encrés par Cliff Rathburn (la première moitié de l'épisode 87, et les épisodes 89 et 90) et par Ottley (pour la deuxième moitié de l'épisode 87 et l'épisode 88). La mise en couleurs des épisodes 87 à 90 a été réalisée par John Rauch.


Épisodes 85 & 86 - Un membre de l'équipage du vaisseau spatial entre dans la cabine pour apporter le déjeuner à Nolan Grayson et sa femme Deborah et il les trouve au lit en pleine activité. Il se retire gêné et retourne en cuisine, pendant que Deborah passe une chemise et va regarder la nourriture qu'il a laissée sur le plateau. Son aspect lui fait faire une grimace, mais elle trouve que ça sent bon. Sur la planète Talescria, la base centrale de la coalition des planètes, Telia est en train d'insister auprès d'Allen l'extraterrestre pour qu'il trouve un autre hébergement à Oliver Grayson, parce que leur intimité de couple en pâtit. Allen répond qu'il a promis à Nolan de s'en occuper et qu'il est hors de question qu'il le laisse livré à lui-même. Il passe dans l'autre pièce et demande à Oliver comment il va. Ce dernier indique que ses blessures sont entièrement guéries, et que son corps a accepté son bras artificiel. En tant que président de la coalition, Allen reçoit Elia, un ambassadeur de la Coalition, qui lui demande si les recherches sur les viltrumites avancent. Oliver sort à l'extérieur et essaye de stopper un voleur. Le vaisseau amenant Deborah & Nolan Grayson arrive à Talescria.


Invincible est la propriété intellectuelle de Robert Kirkman, et sa série à lui : il fait ce qu'il veut. Il peut donc consacrer 2 épisodes à des personnages secondaires, sans qu'Invincible n'apparaisse, sans pour autant s'attirer les foudres des responsables éditoriaux. Il répartit le temps de présence sur la page comme il le souhaite et allotit les épisodes selon son bon vouloir. En recueil, le lecteur ne lui en veut pas : au contraire il est très satisfait que ces retrouvailles puissent disposer de la pagination nécessaire pour être racontée convenablement. Comme toujours, le scénariste a l'art et la manière de donner au lecteur ce qu'il attend et de le surprendre complètement, les 2 en même temps. Dans le tome précédent, la guerre contre les viltrumites s'est soldée par une solution surprenante mais durable et le lecteur peut supposer que tout va rentrer dans l'ordre… sauf que le problème n'est pas réglé pour tout le monde. Sauf que Allen a des responsabilités et des moyens pour régler le problème des viltrumites à la satisfaction du plus grand nombre, et non pas juste de Mark & Nolan Grayson… sauf que ce dernier ne l'entend pas de cette oreille et plaide pour que le problème soit reconsidéré sous un autre angle… sauf qu'il est lui-même viltrumite et donc partie prenante.


Cory Walker, le dessinateur initial de la série, est de retour pour deux épisodes. Le temps ayant passé, le lecteur en est venu à considérer Ryan Ottley comme le dessinateur attitré de la série et compare de fait les pages de Walker à celles de son remplaçant qui est devenu la référence. Walker détoure les personnages et les décors avec un trait plus léger, parfois un peu cassant. Il donne des visages un peu juvéniles à tous les personnages, y compris Nolan Grayson qui a des expressions de gamin, en décalage avec son âge. Pour autant, la narration visuelle, ne dépare pas : elle est fluide et spectaculaire à souhait, avec une quantité d'hémoglobine impressionnante pendant l'affrontement du deuxième épisode, conformément aux représentations d'Ottley. Même si les expressions de visage manquent parfois de nuances, l'état d'esprit et les émotions des personnages apparaissent clairement, en phase avec leur situation et leur objectif. Robert Kirkman continue de soigner son récit de manière à inclure des scènes visuelles, même si les personnages sont en train de se lancer dans un long monologue, de type plaidoyer. Il continue également de prendre le contrepied des solutions de superhéros (taper fort jusqu'à tant d'avoir le dessus sur l'adversaire) en montrant la complexité des situations, sans pour autant tourner les dos aux superpouvoirs et à leur utilisation, du grand art.


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Épisodes 87 à 90 - Pendant ce temps-là sur Terre, Omnipotus est de retour plus puissant que jamais, et il a déjà estourbi une bonne douzaine de superhéros. Invincible (Mark Grayson) arrive enfin sur le champ de bataille, en portant Dinosaurus (David Anders). Ils se posent devant Omnipotus et Dinosaurus passe à l'attaque mordant la tête d'Omnipotus à pleines dents, avec sa puissante mâchoire. Le résultat est spectaculaire : Omnipotus explose littéralement. Invincible est un peu choqué par cette méthode expéditive et meurtrière. Avant qu'il ne puisse dire quelque chose à Dinosaurus, plusieurs superhéros ont repris conscience dont Robot qui lui demande de se rendre, car il est toujours un fugitif. Invincible lui répond qu'il devrait plutôt le remercier, et il s'envole emmenant Dinosaurus. Puis Invincible se rend dans son pavillon pour discuter avec Samantha Wilkins qui l'accueille froidement du fait des initiatives choquantes qu'il a prises. Alors qu'ils discutent, Cecil Stedman se téléporte à côté d'eux dans le salon. Une discussion tendue s'engage, Samantha Wilkins se rangeant plutôt de l'avis de Cecil Stedman que de Mark Grayson. Elle est interrompue par un appel que reçoit Stedman. Une fois l'appel terminé, il indique à Mark Grayson qu'Allen l'alien vient d'être repéré à proximité immédiate de la Terre. Invincible s'en tient là de la conversation et part immédiatement à la rencontre d'Allen qui est accompagné de Kid Omniman. Une discussion encore plus tendue s'engage.


Ce qui est toujours agréable avec cette série, c'est que Robert Kirkman a sans cesse plusieurs surprises insoupçonnées en réserve, et qu'il ne prend jamais le chemin le plus éculé qui soit. À l'issue de l'épisode 86, le lecteur se dit qu'il va falloir un temps certain à Allen pour rallier la Terre et que l'action destructrice qu'il projette ne sera mise en œuvre que dans 2 ou 3 tomes. Tout faux. Le scénariste n'attend rien du tout et enchaîne directement. Le lecteur est aux anges, ayant vraisemblablement oublié qu'il voulait aussi la suite de la relation entre Dinosaurus et Invincible. Mais, c'est tout aussi plié : Allen l'alien et Invincible vont se taper dessus jusqu'à ce qu'Allen comprenne que c'est la moins pire des solutions… tout faux aussi. Plus simple : une confrontation entre Allen d'un côté et Mark & Nolan de l'autre… encore raté. Enfin si, bien sûr, il y a un peu de ça, mais ça n'occupe par un quart de ces épisodes. Il y a tellement plus. Tiens, au hasard : un autre individu doté de superpouvoirs qui endosse le costume d'Invincible pour le remplacer avec la bénédiction de Samantha Wilkins. Si, si. Il ne s'agit en rien d'une pièce rapportée pour meubler un scénario un peu creux. Il apparaît sur la couverture de l'épisode 89 et il est présent dans les épisodes 89 & 90. Ryan Ottley le représente avec la même fougue que Mark Grayson, mais dans des postures de vols et de combats différentes de celles de Mark.


Effectivement, il y a de nombreux affrontements dans ces pages, et comme lors de la guerre viltrumite, le dessinateur n'y va pas avec le dos de la cuillère en ce qui concerne la violence. Celle-ci occupe toujours une part importante dans les comics de superhéros et Invincible ne fait pas exception et la rend même beaucoup plus graphique. Outre les blessures qui saignent abondamment, le lecteur assiste à une tête prise dans la gueule de Dinosaurus dont les dents sectionnent le cou, à une tête qui éclate sous l'action de la pression exercée par les 2 mains de l'ennemi (et ça gicle partout), à des doigts qui se brisent sous la violence du coup porté, etc. Ryan Ottley se lâche dans la représentation de cette violence qui contient des éléments gore, avec un soupçon d'exagération qui fait que le lecteur peut s'il le souhaite prendre cette violence au second degré, mais il peut aussi marquer un temps d'arrêt devant une telle sauvagerie sans retenue. Les dessins sont tout autant expressifs lors des scènes en civil où l'artiste sait faire apparaître l'état d'esprit et l'émotion des personnages sur leur visage et dans leur posture, avec une sensibilité nuancée et juste. Lors de la discussion entre Invincible, Cecil Stedman et Samantha Wilkins, le lecteur peut voir la tension de Mark allant en augmentant, ainsi que son énervement grandissant, le jugement négatif dans le regard de Stedman qui reste mesuré dans ses propos, le doute qui habite Samantha entre faire confiance à Mark et le ramener à la raison. De page en page, le lecteur constate qu'il est autant absorbé par l'intrigue imprévisible et haletante que par la narration visuelle fluide et riche.


De tome en tome, le niveau d'attente du lecteur augmente, et de tome en tome les auteurs tiennent à chaque fois le pari. Cory Walker a été dépassé par l'élève (ou le successeur Ryan Ottley), mais il s'en tire bien pour ses 2 épisodes (85 & 86) Ottley épate le lecteur à chaque séquence, à chaque page, par la clarté et la justesse de sa narration visuelle et par les scènes spectaculaires comme par les scènes intimistes. Alors qu'il pourrait se contenter de mettre à profit tous les éléments développés avant et les intrigues secondaires, Robert Kirkman continue à nourrir son récit d'idées et d'ouvertures, tout en en maîtrisant la quantité et le dosage, tout en donnant l'impression d'avoir raconté de quoi remplir deux fois plus d'épisodes pour n'importe quelle autre série de superhéros DC ou Marvel (sans oublier deux ou trois touches humoristiques, tel que ce groupe d'individus nommé les Walking Dread, en référence à une autre série de Kirkman). Arrivé à la fin, le lecteur en veut plus et tout de suite. Il sait déjà que le sevrage sera difficile et pénible.

Presence
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le 14 mars 2020

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