Pour ma part, j'ai été biberonné à deux BD et dessins animés étant enfant : Titeuf et Kid Paddle. Le principe est ici le même : voir le monde (des enfants mais aussi des adultes) à travers les yeux et le quotidien d'une enfant avec pour mécanique "une planche = un extrait de vie". Sauf que dans Les Cahiers d'Esther, une subtilité va venir générer un immense intérêt de ma part pour cette BD et une nécessité potentielle pour tout le monde de la lire ! Il s'agit des faits. Riad Sattouf ne met pas seulement des péripéties sur des planches, mais des faits réels : des événements qui sont arrivés à la petite Esther et que cette dernière lui a rapportés... et ça, ça change tout !


Au bout de quelques planches on a déjà l'impression de connaître concrètement Esther - cette petite fille lambda de CM1. Pourquoi ? Parce qu'elle se livre avec toute sa douceur et sa poésie, mais aussi avec sa "méchanceté" (c'est ça qui "change tout") ! Elle a beau être l'icône de l'enfance et de la douceur, elle n'en reste pas moins humaine et, par exemple, se permet allègrement et presque constamment de juger les gens sur leur apparence - et d'être d'ailleurs très dure à ce sujet ! On pourrait aussi mentionner la planche qui traite de l'homosexualité, dans laquelle le regard d'Esther est très déroutant. Il y a aussi son comportement et les mots qu'elle pose sur le petit Mitchell... bref, tout ça est tellement intéressant et honnête !


La poésie de l'enfance est souvent rattachée à une certaine naïveté et ignorance. C'est bien beau, mais ce qui a le don de profondément m'agacer, c'est lorsque des gens oublient ou ne veulent pas voir l'autre versant de cette naïveté... La méchanceté surgit elle aussi bien souvent et très justement de ces mêmes naïveté et ignorance... Le résultat rend tellement honnête cette petite Esther. De la part de Riad Satouff, je trouve cela d'autant plus courageux, car, avant d'être une personne attachante (chose attendue presque par essence d'une enfant de CM1 en BD), Esther est d'abord humaine avec ses qualités et ses défauts. Si parfois elle manque de bienveillance, Riad Sattouf n'a fait que nous transmettre ce qu'elle lui a raconté. Il n'a pas cherché à modifier les faits pour la rendre plus attachante.


Esther n'est pas seulement une petite fille à qui il va arriver des péripéties, découvrir des réalités du monde des adultes... elle a aussi des pensées, des certitudes, des idées. Elle a même des obsessions : l'i-Phone et le souhait d'en avoir un avant d'aller en 6e semble prendre énormément de place dans ses préoccupations. Là encore, cela vient enrichir et renforcer la personnalité et la crédibilité de cette petite fille. Moi-même à cet âge j'avais des lubies de ce type.


Esther et cet album sont plein de ces reliefs qui font la profondeur de l'esprit et de la vie d'un enfant de 10ans.


Un grand bravo à lui et merci d'avoir mis en BD l'enfance avec ses différentes facettes (tendres et moins tendres).

K-A-M-I
10
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le 1 nov. 2021

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K-A-M-I

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