Comme beaucoup sans doute, j'ai toujours été interpellé dès qu'une œuvre prend l'enfance comme thème. C'est un sujet tellement vaste, tellement intemporel, tellement universel qu'il ne peut qu'être un sujet de prédilection, et surtout pour moi qui me suis engagé à rester un enfant quoi qu'il advienne.
Et là, j'ai été servi ! "Les cahiers d'Esther" retrace une enfance moderne, l'insouciance du 21ème siècle, la cruauté des petits d'aujourd'hui. Ceux qui veulent la doudoune de Maitre Gims. Ceux qui croient qu'il faut être beau pour être connu. Ceux qui harcèlent pour un Smartphone. Et au milieu, leurs jeux, leurs confrontations sociales, leurs règles. Esther vit tout ça, à travers ses histoires tantôt drôles tantôt tragiques, toujours émouvantes. Les planches défilent comme des tranches délicieuses de vie, qu'on avale de nos yeux avec la gourmandise d'un enfant ressuscité. Les personnages secondaires, tous voués à être remplacés un jour ou l'autre (comme en vrai, hélas...), rajoutent des perles d'humanité dans la solitude littéraire de la petite héroïne. Sattouf n'hésite pas à foncer tête la première dans leur réalité, jusqu'à dévoiler leur méchanceté pour les gens "différents" (je me suis hélas reconnu). Il n'hésite pas à montrer aussi les histoires d'amour parfaitement bancales d'Esther, ainsi que les envies bizarres de ses amies (une qui est contente de s'être fait "marier" de force, une autre qui aime bien qu'on mate son cul...). En clair, la Vérité, sociale comme enfantine. Comme un parfait journal intime.
C'est une véritable bouffée d'air frais, un retour dans l'enfance. Et pour les petits d'aujourd'hui, ça leur fera un témoignage bouleversants de leur présent actuel. Vivement le tome 2 !