Esther est attachante, c'est le moins que l'on puisse dire. A 12 ans elle est heureuse, équilibrée et vit en harmonie avec sa famille, ses camarades et son école. Elle sort doucement de l'enfance sans crise abrupte... apparemment pour l'instant. Mieux dans sa peau qu'au tome 1 et 2 (10 et 11 ans), plus apaisée, elle appréhende davantage le monde et se positionne face à la vie avec imagination, fantaisie et détachement. On sent que l'évolution physique n'est pas loin et que les changements brutaux approchent.
Riad Sattouf lui nous prouve plusieurs choses. La première est que ses œuvres sont des modèles du médium BD. Il utilise les outils caractéristiques du 9ème art pour créer des histoires uniques, certainement transposables en roman ou film, mais qui n'auraient pas la même substance. Cela est perceptible surtout dans ses dessins et dans la mise en scène, bien spécifique aux romans graphiques.
La deuxième est que Sattouf est un auteur complet avec son style irremplaçable. C'est une couche différente de la première. Efficace tout en étant fin, drôle et en même temps émouvant. Son écriture foisonne avec beaucoup de recherche graphique et une utilisation "bichromique" au service de l'histoire.
La troisième est que notre auteur est un sacré observateur qui aime malgré tout la nature humaine. On aurait pu en douter en lisant "la vie secrète des jeunes" par exemple. Il s'assagit avec Esther.
Carton plein pour le 3ème épisode d'Esther et sa famille, personnages réels. A quel point existe-t-il une autocensure lors de la transposition des situations ? Une ou deux mise en abîme permettent à l'auteur de s'en tirer. C'est en tous les cas transposé de manière fine et intelligente.
On se réjouit de la suite..