Tant l'histoire que la préface de Jirô Taniguchi m'ont plu, cette dernière synthétisant en quelques paragraphes l'essentiel de ce que la lecture du premier volume m'a fait ressentir.
On débute par un huis clos initial (la mine de Tarpa) qui nous permet d'apprécier les conditions de vie des personnes travaillant au sein du complexe minier (l’univers surtout masculin, le travail à la mine n’est pas sans danger, la vie quotidienne est marquée par l’éloignement, l'ennui...) . Puis les éléments vont s’enchaîner (se déchaîner ?) pour pousser Takéru – et ceux qui le suivront – à quitter la mine pour essayer de s’en sortir.
Le brusque changement climatique (version Le Jour d’Après) est alors l’occasion de découvrir un peu plus le monde qui les entourent, avec ses dangers (les pirates, les "ours" du coin...) et ses moments rassurants (les Jil-Chaak et l’aide qu’ils apportent à Takéru et à ceux qui l'accompagnent). L'occasion aussi d'un petit saut dans le passé pour apprendre des éléments qui seront sans doute d'une grande importance pour la suite du récit.
Le thème général de la série est donc des plus classiques : la quête initiatique (Takéru va devenir un adulte à travers les épreuves traversées). Personnage banal, méprisé par les autres, par moments agaçant, Takéru va peu à peu acquérir une stature plus importante, au fur et à mesure que la situation s’aggrave, si bien que le salut de l’humanité pourrait bien reposer sur ses épaules.
L’originalité n’est donc pas à chaque coin de passage mais les éléments mis en place le sont proprement et l’intrigue avant plutôt vite. Le contenu est séduisant : les décors glacés sont beaux à voir, qui mettent à jour une nature tout à la fois dangereuse et majestueuse. Le design des personnages est aussi à la hauteur d’où un ensemble plutôt réaliste qui ne manque pas de punch.
Ouvrage où les influences sont nombreuses (Métal Hurlant, Moebius, Miyazaki, Tezuka…), Ice Age Chronicle Of The Earth à mi-chemin de la fin n’apparaît pas comme un ouvrage vieilli, démodé. Au contraire les thèmes évoqués apparaissent toujours actuels et on se met assez rapidement à la place des personnages du récit, en se demandant ce que nous pourrions faire si nous étions à leur place. La seule inquiétude concerne finalement les propos de l'auteur dans sa préface : la suite ne peut-elle que nous décevoir relativement à ce que l'auteur avait prévu ? Aura-t-il l'occasion un jour de reprendre ces aventures d’anticipation glaciaire pour leur donner un nouveau développement ?