Dans le monde d’Ikigami, il existe une loi de prospérité nationale. Cette loi oblige à la vaccination de tous les enfants dans leur 6ème année. Une seringue sur 1000 contient une nanocapsule qui tuera son porteur à une date et une heure extrêmement précise (et connue du gouvernement) entre les âges de 18 et 24 ans. Selon un protocole d’une rigueur toute japonaise, la future victime est prévenue 24 heures avant sa mort. Ikigami nous narre la vie quotidienne de Kengo Fujimoto, fonctionnaire dont le métier est de délivré ces préavis de mort.

Motorô Mase signe ici un manga de 10 tomes qui explore une idée forte : comment réagir lorsque l’on vit dans une nation qui tue ses concitoyens aléatoirement uniquement pour que les 99,9% restants de la population puissent mieux « redécouvrir la valeur de la vie » ? Comme le dit Coldplay « Am I a part of the cure or am I part of the disease ? » Comment Fujimoto accepte-t-il son travail, lui qui côtoie directement les victimes de cette loi ?

Le style du dessin de Mase ressemble à celui de Urasawa dans Monster (quel compliment je lui fais !) : très seinen, plutôt réaliste et parfaitement adapté à l’ambiance et au thème d’Ikigami. C’est aussi le défaut de ses qualités puisque rien ne surprend non plus. La mise en scène joue bien son rôle mais ne ménage pas d’effet particulièrement marquant dans le rythme de la narration (je n’ai pas souvenir d’un cliffhanger haletant ou d’une mise en page tonitruante à part une phrase très bien mise en valeur dans le tome 10). Je dirais qu’Ikigami n’est pas un manga qu’on lit pour ses dessins mais pour son histoire.

Et effectivement, l’histoire est rondement menée. Après la présentation de l’univers et de Fujimoto, plusieurs tomes se passent pour installer la routine. Ce n’est qu’au bout de 3 ou 4 tomes que les prémisses du fil rouge plus important commencent à être mis en place avec l’arrivée des doutes matérialisés par des personnages dont je tairai les noms. Là, l’ambiance de suspicion commence par être de plus en plus présente pour carrément virer au film d’espionnage dans les 2 derniers tomes.

Le plus important dans ce genre d’histoire, et le plus difficile aussi, c’est évidemment la fin. Mase arrive un peu à surprendre le lecteur tout en restant cohérent avec son univers. Sa fin, pour moi, est un peu en résonance avec les événements du 11 mars 2011 (même si le manga a débuté en 2005) : doit-on quitter le pays qui nous a hébergés lorsque les choses tournent mal ?

En bref, même si la mise en scène manque un peu d’ambition ou que certains pans de l’histoire auraient pu être plus développés comme la guerre contre la Fédération ou les interactions avec Kubo ou Kaga, on a tout de même droit à un très bon seinen qui se lit avec intérêt et sans en perdre une miette !
sseb22
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le 16 oct. 2012

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