Je n’ai pas beaucoup hésité à me procurer cette bande-dessinée, la première de son auteur, qu’il l’a écrit et dessiné à 48 ans. On est sur quelque chose de très «science-fiction », inspiré par l’imagerie d’Alien notamment.
La virtuosité des décors m’a tout de suite séduit. L’auteur se dit très influencé par deux dessinateurs lié à l’architecture, François Schuiten, dont la série « Les cités obscures » ne cessent de nous donner le vertige ainsi que Blame, une série Japonaise crée par un certain Tsutomu Nehei que je ne connais point.
Je trouve en effet que la précision et l’immensité des décors dans lesquelles le héros évolue (un espèce de vaisseau/planète gigantesque à l’abandon) ne peuvent que laisser le lecteur admiratif et rêveur.
Seulement, il est dommage que l’oeuvre souffre de quelques défauts (rien de bien méchant, certainement du au manque d’expériences de l’auteur) qui empêchent la bd de se lisser au rang de chef-d’oeuvre.
Premièrement, le découpage manque de clarté, certaines actions ne sont pas tout à fait compréhensibles.
Par exemple, page 42, 43, notre héros se trouve près d’une espèce de rivière. En bas à droite de la page de droite, il rencontre une drôle de créature qui semble amicale. En tournant la page, on s’attend à ce que le héros ait une interaction avec cet animal. Que nenni, en tournant la page, on se retrouve sur une superbe image qui prend l’entièreté de la page mais non seulement la créature est éclipsé, et en plus de ça, le décor semble assez diffèrent, beaucoup plus « métalique ». Sur le coup, je pensais même que mon exemplaire du livre présentait une erreur d’imprimerie et que les pages n’étaient pas dans l’ordre.
Également, je trouve dommage que le design de certaines créatures laissent un peu à désirer, certains monstres sont un peu ridicules. Pourtant en terme de sens du design, l’auteur/dessinateur nous a prouvé tous son talent dans les somptueux décors qui composent la bande-dessinée. Peut-être qu’il ne faut pas oublier que la réussite du premier film Alien tient aussi dans sa volonté de ne pas trop vouloir montrer le monstre.
Ensuite, l’univers est assez mystérieux, tout n’est pas expliqué, ce qui est souvent gage de qualité sauf que dès que les personnages discutent, les dialogues ne sont pas aussi bien que les dessins. Ils sont en effet trop lourds, manquant un peu de subtilité.
Et dernièrement, et là c’est peut-être un peu du chipotage, la typographie des textes n’est pas très belle, avec des lettres assez rondes qui ne colle pas tout à fait à l’univers sérieux de la BD. Pourquoi ne pas avoir écrits les textes à la main (par exemple)?
Tout ça pour dire que malgré ces défauts, l’oeuvre reste très séduisante, on sent que le créateur s’est beaucoup investi et a tout donné, mais l’essai n’est pas transformé, à mon humble avis de lecteur qui finalement n’a fait que lire l’ouvrage.
La critique est aisée, l’art est difficile comme on dit.