En bonne série de science-fiction, Sillage parvient à nous parler de notre propre société en l'extrapolant dans un univers futuriste. C'est particulièrement vrai pour cet album, qui aborde des sujets tels que le terrorisme et la pauvreté. On entre au cœur même du système politique du convoi, et je trouve l'assemblée de la Constituante très réussie.
Le scénario est agréable, mais c'est surtout au niveau esthétique que je trouve ce cinquième tome époustouflant. La double page 6-7 est très efficace. Avec ses nombreuses petites cases, l'aspect d'exposition de miniatures est très bien traité. On notera au passage que la série propose de jolies petites références à l'histoire de la bande dessinée. Après avoir déjà croisé une petite famille de Marsupilamis dans le tout premier tome, c'est ici une copie d'Harisson Banks, entre autres, qui se permet de débarquer.
On a également droit à une longue scène d'action dans le vaisseau-planète de Nävis. Je trouve le parti pris très intéressant, avec des tons bien plus pastels que ceux de la forêt originelle du premier tome, comme pour rappeler tout ce que notre héroïne a perdu. La tentative de copie est bien incapable de reproduire l'esprit de la planète dans laquelle elle a grandi. Les uniformes de camouflage des militaires s'intègrent très bien au décor.
Enfin, l'aboutissement de l'action a lieu dans l'une des grandes bidon-nefs, pour une autre ambiance très bien rendue. La page 42, avec ses ombres très marquées, est une première dans la série et renforce admirablement bien la tension dramatique de cette fin d'album.
Sillage se poursuit donc avec succès et pour notre plus grand plaisir, bien qu'on se réjouisse de découvrir la suite pour voir si Nävis parviendra à reprendre le dessus sur ses péripéties, elle qui semble perdre de plus en plus la maîtrise de ses aventures (elle s'est quand même fait prendre quatre fois en otage, pour les deux derniers albums seulement) !