Le Joker est, de loin, mon personnage de comics préféré ! J’adore le chaos qu’il représente ! Il nous montre que le monde est loin d’être lisse, que nous sommes tous de potentiels fous ! Bon, pas à son niveau bien entendu, mais c’est la folie qui nous démarque les uns des autres dans ce monde de fous. Lorsque Joker Killer Smile a été annoncé, enfin chez Urban, le simple fait d’attendre un nouveau bouquin sur le Joker, et dessiné par Sorrentino, je sautillais comme une petite puce !
Quand un psychiatre affilié au Joker tente de guérir le plus grand criminel de Gotham, c’est le début d’une descente aux enfers pour celui qui était jusqu’ici un père de famille aimant et paisible. Mais cette spirale de dépression et d’hallucinations violentes ne cache-t-elle pas un réel gouffre au sein même de sa psyché ?
Joker - Killer Smile est un récit complet inédit réalisé par le talentueux tandem aux commandes de Green Arrow et de Gideon Falls : Jeff Lemire (Sweet Tooth) et Andrea Sorrentino (Secret Empire). Inspirés tout autant par Killing Joke que par les œuvres de David Lynch, le scénariste et le dessinateur embarquent leur protagoniste principal, mais aussi le lecteur, dans une traversée éprouvante au coeur des ténèbres.
(Contient les épisodes Joker : Killer Smile #1 à 3 et Batman : The Smile Killer #1)
Je vais commencer par les dessins. C’est un peu obligatoire avec un artiste comme Andrea Sorrentino. Je suis un véritable fan de cet artiste italien. Je sais qu’il divise pas mal les lecteurs de comics. Personnellement, je trouve que c’est un dessinateur qui parvient à insuffler un véritable dynamisme à ses séries. C’est tellement vif, incisif même. Il parvient à mettre en lumière des éléments essentiels, à mettre en focus un petit élément qui se détache alors et nous explose au visage au milieu de toutes ces mises en page incroyables.
Je le connaissais, notamment sur Green Arrow, pour ses qualités à mettre l’action en avant, nous prenant à la gorge, ne pas nous laisser une seconde de répit. Je le découvre ici, avec Joker Killer Smile, dans un tout autre registre. Pas vraiment l’horreur, encore que certaines scènes de ce récit ne s’en éloignent pas énormément, plus dans le thriller angoissant. On a le droit à quelques planches absolument dingues dans ce bouquin. Certaines scènes, à partir du moment où tout part en vrille, sont absolument glaçantes. On pourrait presque sombrer nous aussi !
Son Joker fait plus humain que l’on peut le voir habituellement, et pourtant il est effrayant !
N’oublions pas Monsieur Sourire, et les quelques pages à Bonheurville, justes jouissives.
Nous découvrons, le docteur Ben Arnell, le psychiatre en charge du Joker. Un psychiatre bien décidé à être celui qui permettra l’établissement d’un protocole à propos du Joker. Non pas par égo ou par envie de gloire et de fortune, mais juste dans l’optique d’ouvrir la porte d’une éventuelle guérison à de nombreux patients grâce à cela.
Du moins c’est ce qu’il nous dit, enfin ce qu’il dit.
Mais petit-à-petit, ces entretiens, ce patient, ce temps passé avec le Joker, tout devient de plus-en-plus prenant. Il devient littéralement obnubilé par tout cela, sa vie de famille en pâtit, sa famille en souffre, il le remarque, le ressent, et pourtant il ne peut s’empêcher de toujours aller plus avant. Et le Joker semble toujours plus enclin à lui répondre mais pas forcément… à lui dire la vérité…
Et soudain le twist éclate ! Alors, oui c’est convenu, oui, dès les premières pages, lorsque l’on plonge dans l’intrigue, on comprend où cela va nous conduire, et pourtant c’est tellement grisant lorsque cela se produit. A partir de là tout le récit s’emballe, le chaos s’installe et le Joker y prend un plaisir non dissimilé.
C’est convenu mais qu’est ce que c’est bon. Après je suis addict au Joker, du coup je ne suis peu-être pas totalement objectif, mais je suis friand de ces récits où un homme lambda, sûr de lui, réalise avec effroi qu’il ne suffit pas de grand-chose pour faire basculer n’importe qui. Je suis beaucoup plus fan des récits où les gens sombrent sans retour possible plutôt que les happy end qui ne se réalisent jamais dans la vraie vie. C’est sadique, c’est cruel, mais il est toujours plus plaisant de lire quelqu’un plus bas que nous, plutôt que nous surplombant et nous éclaboussant avec sa réussite et son bonheur.
Un récit que j’ai adoré, mais malheureusement, alors que les deux premiers chapitres nous emportent tranquillement sur la route de chaos, une fois celui-là atteint, tout se résout bien trop vite. Après une telle mise en bouche, une telle préparation, j’aurais espéré un quatrième chapitre, pour assister un peu plus à cette déchéance, cette destruction mise en place par le Joker. Au lieu de cela, nous avons une sorte d’épilogue, qui oublie le Joker pour se concentrer sur Batman… et qui n’apporte rien au récit sur le Joker.
Bref, une lecture que j’ai vraiment apprécié, mais qui se termine, selon moi, sur une fausse note. C’est dommage de « bâcler » ainsi un récit qui avait tout pour vraiment être génial. On a vraiment l’impression qu’il manque un chapitre, et pourquoi cet épilogue sur Batman ? J’aime Batman, mais clairement, ici, sur cette mini-série, on s’en fiche. J’aurais voulu en voir davantage une fois que le Joker a réussi son plan, en voir davantage sur ce personnage de Ben Arnell. Cela dit, cela reste une excellente lecture, mon principal reproche ne se résumant qu’à un trop peu.