Avec Jusqu'au dernier, Jérôme Félix et Paul Gastine nous offrent un western où le bang-bang, le whisky tiède et les couchers de soleil poussiéreux sont là, mais où la vraie star, c’est l’humanité des personnages. Adieu les cow-boys qui sentent la testostérone à trois kilomètres, ici, on est dans une tragédie humaine où les balles ne sifflent pas seulement pour le fun. Prépare ton cœur, il risque de s’égratigner.
L’histoire, c’est celle de l’Amérique en mode crépusculaire, avec un trio de héros — un vieux cow-boy bourru, un apprenti idéaliste et une jeune femme débrouillarde — qui essaie de survivre dans un monde où le Far West a décidé de mettre la pédale douce. Pas de ruée vers l’or ici, mais une ruée vers la dignité, la loyauté et, bien sûr, quelques bastons bien placées pour rappeler qu’on reste dans un western.
Le dessin de Paul Gastine, parlons-en : c’est un vrai tableau vivant. Chaque case semble avoir été peinte avec amour et un soupçon de poussière d’étoiles. Les paysages sont à couper le souffle, les visages regorgent d’émotions, et les scènes de tension sont si palpables qu’on a l’impression de sentir le cuir des bottes des personnages crisser sous nos propres pieds. Si le western avait une galerie d’art, cette BD y aurait une place d’honneur.
Mais ce qui frappe vraiment, c’est la profondeur de l’histoire. Jusqu’au dernier explore les thèmes classiques du genre — la fin d’une époque, les choix moraux, les liens familiaux — avec une subtilité qui surprend. Ça ne crie pas "regardez-moi, je suis dramatique", mais ça chuchote "la vie est un sacré saloon". Jérôme Félix manie les dialogues avec une précision de tireur d’élite, alternant entre cynisme, tendresse et brutalité. On est à mille lieues des clichés du western bourrin : ici, chaque mot compte autant qu’un duel au sommet.
Alors, pourquoi ne pas lui donner la médaille d’or absolue ? Peut-être parce que certains passages traînent un peu en longueur ou que le scénario, bien que maîtrisé, ne prend pas toujours les risques qu’on espérait. Mais franchement, ces détails, c’est comme un grain de sable dans une botte : gênant, mais pas de quoi ruiner la chevauchée.
En résumé, Jusqu’au dernier est une pépite qui mélange nostalgie et modernité dans un western à la fois visuellement éblouissant et narrativement poignant. Ce n’est pas juste une histoire de cow-boys et d’éperons : c’est une réflexion sur ce qu’on laisse derrière soi quand tout fout le camp. Alors, attache bien ton stetson et plonge dans cette aventure à la fois rude et émouvante.