Avec King's Game (2011), Kanazawa Nobuaki et Renda Hitori nous plongent dans une épreuve de survie où un mystérieux "Roi" dicte des ordres de plus en plus horribles à une classe d'élèves. Malheureusement, là où l’idée de départ aurait pu donner lieu à un thriller haletant, l’exécution trébuche sous le poids de répétitions, de personnages fades, et d’un scénario qui semble plus préoccupé par l’escalade gratuite que par la logique ou l’émotion.
L’histoire commence avec un concept prometteur : chaque élève reçoit un ordre via SMS, qu’il doit exécuter sous peine de mort. Très vite, les tensions montent, les alliances se font et se défont, et le carnage s’installe. Mais dès les premiers chapitres, une question s’impose : pourquoi devrais-je m’attacher à ces personnages ? Malheureusement, leur développement est si minimal que leurs morts spectaculaires suscitent plus de haussements de sourcils que de larmes.
Nobuaki, le protagoniste, est censé être notre guide dans ce chaos, mais il manque de charisme et de complexité. Son rôle de "survivant moral" est constamment noyé sous des dialogues creux et des décisions peu crédibles. Quant aux autres élèves, ils sont pour la plupart des archétypes interchangeables destinés à remplir le quota de cadavres plutôt qu’à enrichir l’intrigue.
Visuellement, Renda Hitori livre un travail correct mais sans éclat. Les scènes de mort, bien qu’imaginatives dans leur cruauté, manquent souvent d’impact émotionnel en raison du manque d'attachement aux victimes. Les expressions des personnages oscillent entre l’effroi exagéré et le stoïcisme incompréhensible, ce qui rend parfois difficile de prendre au sérieux la gravité des événements.
Narrativement, King's Game souffre d’une structure répétitive : réception d’un ordre, exécution (ou non), punition, et rebelote. Si l’escalade dans la violence pourrait maintenir l’intérêt, elle finit par devenir prévisible, voire absurde. Les tentatives de révéler les origines du jeu et les motivations du Roi tombent à plat, avec des explications qui soulèvent plus de questions qu’elles n’en résolvent.
Le plus frustrant dans King's Game est son incapacité à exploiter pleinement son concept. Là où d’autres œuvres du genre (Battle Royale, Alice in Borderland) creusent les dynamiques sociales et les dilemmes moraux, King's Game se contente de multiplier les scènes chocs sans véritable réflexion. L'horreur gratuite remplace l’intensité narrative, et le suspense cède la place à l’ennui.
En résumé, King's Game est un manga qui commence avec un potentiel intrigant, mais qui s’égare rapidement dans une spirale de répétitions, de personnages creux, et d’une intrigue qui semble improvisée. Avec un visuel correct mais sans âme et une narration qui manque de profondeur, cette série finit par ressembler à une partie où le Roi a oublié les règles. Un jeu que l’on commence par curiosité, mais que l’on abandonne par lassitude.