Au sortir d'une double aventure mythique, Hergé utilise de nouveaux ces quelques facilités scénaristiques qui faisaient la faiblesse des premiers Tintin, mais il délivre tout de même un album trépidant, qui démontre une fois de plus sa parfaite maîtrise de l'équilibre entre action et humour.
Graphiquement, c'est un album superbe, fort documenté, et où l'auteur nous gratifie en plus de plusieurs cases complexes qui sont un ravissement pour le lecteur qui s'y arrêtera longuement afin d'en saisir tous les amusants détails. Un travail d'orfèvre qui vaut à lui seul la lecture de "L'affaire Tournesol".
Pour ce qui est de l'histoire, Tryphon n'y est que de passage malgré sa présence au titre, et l'intérêt est surtout lié au traitement de la guerre froide par le biais des Syldaves et des Bordures, qui illustrent l'affrontement secret pour la suprématie mondiale entre nations totalitaristes.
Le véritable personnage "pirate" dans cet album reste évidemment Séraphin Lampion, qui vient tel un cheveu sur la soupe mettre ce piment agaçant au récit à chaque fois qu'il intervient, individu pénible par excellence, il a pour fonction de venir enquiquiner ce bon vieux Haddock devenu un peu trop pépère dans son château de Moulinsart.
On ne s'ennuie jamais durant la lecture, et même si la fin est un peu expédiée, comme dans les premiers albums, l'histoire est toujours agrémentée de moments savoureux comme cette scène à l'opéra avec la Castafiore et le colonel Sponsz qui reste un des meilleurs passages de cet opus.
Pas lemeilleur album mais quand même sur le haut de la pile, il se relit toujours avec plaisir.