1986, les origines de Batman sont clairement définies par le duo Frank Miller et David Mazzucchelli à travers Batman Year One (Annéee Un dans nos contrés). De fait, au vu de la popularité du comics, il n'est plus question de toucher aux origines du Batman.
Oui mais voilà, avec le new 52 et le run de Scott Snyder, il n'en fallait guère plus pour se repencher sur la question. Cependant, comme il le rappelle de lui-même dans la préface, il n'est aucunement question d'aller à l'encontre de Year One, qu'il considère (et à juste titre) comme un chef d’œuvre. Admirable de sa part de ne point dénigrer le travail de ses confrères mais alors, qu'apporter de nouveaux à des origines que l'on estime soi-même intouchables ? Selon Snyder, il est question de recentrer Batman dans le contexte contemporain d'aujourd'hui, notamment face à une nouvelle menace plus actuelle. C'est donc un Batman sensiblement égal à celui que l'on connaît mais d'avantage dans notre époque qui nous est proposé ici. Personnellement, après l'excellent arc de la Cour des Hiboux, j'estime que Scott peut se permettre d'aller plus loin dans son travail de la Chauve Souris, alors voyons ça...
La nouvelle menace dont il a été fait allusion se présente sous la forme du gang Red Hood, des tueurs masqués en rouge sous l'égide du Red Hood numéro 1 dont le destin vous fera furieusement écho avec la naissance d'un certain personnage... Bruce Wayne, déclaré légalement mort depuis sa disparition des années auparavant, retourne en secret à Gotham City. Réapparition uniquement sue par son majordome dévoué Alfred Pennyworth, qui le suit non sans une certaine réticence dans cette croisade un peu folle. Bien plus tête brûlée que ce qu'on lui connaît habituellement, on a ici un Bruce Wayne qui n'hésite pas à se lancer dans l'action avec forte prise de risque.
Parallèlement, l'enfance de notre héros et sa mue en justicier nous est contée à travers moult flashes backs, ce qui rend par moment assez déroutant le suivi du scénario (rien d'insurmontable non plus rassurez-vous). J'évoquerai personnellement un regret quant à la décision du symbole de la chauve-souris. Brièvement mis en scène, elle serait presque tirée par les cheveux si nous n'étions pas déjà familiarisés à l'événement. De même, la découverte de la Bat cave et la décision d'en faire le repère du Batman reste également bien obscur.
L'action reste cependant bien menée, soutenue par un travail impeccable quant au dessin, dont le coup de crayon précis est très plaisant à voir. De plus, la colorisation éclatante offre un ensemble moins fade à l’œuvre, si l'on compare à Year One (question d'époque aussi il est vrai).
Je n'irai pas plus loin dans le descriptif du scénario afin d'éviter tout spoil, reste que ce comics est plaisant à suivre et de plus, laisse une très bonne intronisation de grand méchant pour la partie 02.
Enfin, les courts épisodes de la jeunesse de Bruce Wayne clôturant la BD sont intéressants et approfondissent la mentalité du jeune héros. Ils auraient même mérités d'être d'avantage travaillés et non pas simplement rajoutés en sus du scénario central.
Pari réussi pour Scott Snyder qui se voulait héritier de Frank Miller avec ce Batman: L'An Zéro. Il est vrai que la légitimité de nouvelles origines (encore) peu être discutable, mais quitte à s'approprier un personnage, autant le faire entièrement. Les régulières références technologiques ancre l'histoire dans les années 2010's actuelles, offrant un coup de jeune à Batman.
Par ailleurs, l'équipe rend hommage aux origines de Batman dans son ensemble (voir double page 116-117, clin d'oeil à la couverture du Detective Comics #27) et sait se démarquer suffisamment de leur modèle pour ne pas être une simple relecture. D'ailleurs, Gordon n'est guère présent alors qu'il est au contraire central dans Année Un.
Une année zéro à suivre avec intérêt donc afin de voir où nous mènera Snyder qui semble bien mener sa barque.