Dans Cité Secrète, la première des trois parties en quatre actes de Zero Year, Bruce a affronté un ennemi déjanté en la personne de Red Hood. Cet ennemi lui a fait comprendre qu’il devait prendre l’identité de Batman pour affronter le crime à Gotham. Nous avons fait la connaissance avec un Bruce, aux prémices de sa carrière, particulièrement agaçant et intransigeant face aux personnes voulant l’aider. Et après sa victoire face à Red Hood, pas de repos pour les braves, puisque le véritable méchant de cette saga s’annonçait déjà en promettant le pire pour Gotham : Le Sphinx !
Dès ses débuts, Batman dut affronter la vague de pillage du gang de Red Hood. Mais une fois ce féroce stratège défait, les véritables ennuis débutèrent lorsque Gotham fut plongée dans les ténèbres suite à un blackout savamment planifié. Le responsable ? Un nouveau scélérat nommé le Sphinx, bien décidé à faire plier la cité et son nouveau protecteur.
(Contient Batman #25-27, 29-33)
L’ennemi de Batman dans cette saga, l’ennemi de Gotham tout simplement n’est autre que le Sphinx ! Et dans ce cinquième tome de Batman, nous allons avoir le droit au dénouement (avant le kiosque) à travers les deux dernières parties (et sept chapitres) de Year Zero, à savoir : Sombre Cité et Cité Sauvage.
Si la première partie mettait en lumière la transformation de Bruce en Batman, la seconde, Sombre Cité, met en lumière le Sphinx, son génie (si l’on peut dire ainsi) et ses victoires face à Batman. Car durant les quatre chapitres de cette partie, Batman n’arrivera à aucun moment à se rapprocher des véritables objectifs du Sphinx qui vient de plonger Gotham dans le noir le plus total et sans électricité ! Et le pauvre Batman doit non seulement comprendre les plans du Sphinx mais aussi arrêter la série de meurtres perpétrée par le Docteur la Mort, une sorte de savant fou aux os apparents et grandissant, se multipliant à chaque choc ! Et si les deux étaient liés ?...
Cette deuxième partie est également l’occasion pour Snyder de s’éloigne de Year One et de créer un véritable fossé entre Bruce Wayne et James Gordon. Le premier tenant une véritable rancœur à l’égard du second. Et les deux hommes vont mêmes finir à en venir aux mains ! Et lorsque Alfred va essayer d’inciter Bruce à travailler, sous la couverture du Batman, il va également en profiter pour lui expliquer qu’il comprend pourquoi Bruce le déteste, lui en veut, lui en veut à tous. Et c’est une confession assez bouleversante du majordome à son jeune maître. Si Year One mettait en lumière et Batman et Gordon, je trouve que ce Year Zero met en lumière et Batman et Alfred.
Encore plus surprenant que dans le précédent volume, Batman va ne faire que chuter, perdre la face au Sphinx, ne comprenant, que bien trop tard, les ambitions de son ennemi. C’est ainsi que commence Cité Sauvage. Les quatre derniers chapitres de cette interminable saga. Et nous retrouvons, enfin, la Gotham des premières pages du précédent volume. Cette Gotham faisant écho aux Etats-Unis de Walking Dead, une Gotham sauvage, comme le laisse sous entendre le titre. Cette partie se déroule 28 jours plus tard (amusant clin d’œil) aux événements à la fin de Sombre Cité.
C’est l’anarchie à Gotham, le Sphinx règne en tyran ! La ville est isolée et contrôlée de A à Z par le despote, comme un jeu-vidéo grandeur nature. Impossible de fuir, les ponts sont minés et le ciel truffé de ballons météo menaçants de lâcher un gaz nocif et mortel. Gotham est complètement coupée du monde. Les habitants ont perdu toute envie de combattre. Et tous les soirs, à la même heure, le Sphinx propose qu’un habitant vienne lui poser une énigme. S’il ne trouve pas la réponse Gotham sera libérée, en cas contraire la personne ayant posée l’énigme meurt !
Suite à tous ses récents échecs, Batman comprend qu’il ne peut agir seul et se voit dans l’obligation de travailler de concert avec Gordon et Lucius Fox. Mais encore une fois notre héros tombe dans le piège de son ennemi.
Si Batman accepte de travailler avec Gordon, le début d’une belle relation, nous avons également le droit, à l’inverse de la partie précédente, à une magnifique déclaration de Bruce à Alfred, que ce dernier n’entendra probablement jamais, et montrant à quel point les liens entre ces deux personnages est puissant, important, essentiel.
Là, où le bas blesse, c’est le Sphinx ! Le personnage nous est survendu. Toute sa crédibilité vole en éclat lorsqu’il essaie de nous dépeindre qui se cache sous le masque de Batman. Il est tellement à côté de la plaque, tellement loin de la vérité, d’ailleurs il n’approche à aucun moment de la vérité. Et on se demande comment il peut être le génie que l’on connaît, alors qu’il tombe dans le panneau comme un gosse. C’est dommage car du coup cela ne colle plus du tout à l’aspect « génie » entrevue jusqu’à maintenant. Et pire, si son ambition dévorante peut se comprendre, sa réaction, ses actions dans le combat final face à Batman laisse à désirer et nous laisse sur sa fin. Il est assez aberrant qu’il ne tienne à se battre que par énigmes et cela est bien trop vite expédié, surtout après douze longs, très longs chapitres.
Graphiquement, sept chapitres avec rien que du Capullo c’est un kiff total et absolu. Mention spéciale à sa Gotham sauvage. C’est une véritable merveille. Ses personnages sont magnifiques et dégagent tellement de choses, tellement d’émotions. Par contre, la colorisation de Fco Plascencia, sur les trois premiers chapitres de ce tome m’agresse toujours dès qu’elle part dans les tons rouges. Rien à redire sur la Cité Sauvage, c’est une réussite totale.
Au final, Snyder se démarque vraiment beaucoup de Year One. Déjà rien que par la longueur. Tous ces chapitres n’étaient pas forcément nécessaires. Et si cette longueur se fait un tout petit peu moins sentir qu’en kiosque, c’est par moment franchement long. Il réécrit les liens entre les personnages, surtout entre Bruce et Gordon et entre Bruce et Alfred. Ce Zero Year prend souvent des allures d’énorme blockbuster, une saga pleine d’ambitions, qui sont plutôt bien tenus, hormis peut-être un final un peu bâclé mais qui a le mérite de bien clôturer cette saga.
Bref, en commençant cette longue saga, j’avais peur que Snyder me fasse rêver et finisse par piétiner mes rêves dans un final foiré. Alors oui, la fin de Zero Year est faible, comparée au reste, mais elle remplit son office et met un point final aux origines de Batman. Malgré ses quelques défauts, nul doute que Snyder vient de marquer de son empreinte l’histoire de Batman.