Je suis une énorme fan de Neil Gaiman, et tout particulièrement de son Nobody Owens, qui a été le second de ses romans à atterrir entre mes mains. Et quand on sait à quel point le gars est fort quand il s'agit d'écrire pour la BD ou pour adapter ses œuvres en différents formats, il était inévitable que je finisse par me procurer cette bande-dessinée.
J'avoue avoir été un peu déçue par cette version, et ce parce qu'elle est beaucoup trop fidèle au matériel de base. Je m'attendais à avoir quelque chose de complètement retravaillé, à la manière de Stardust qui a une atmosphère très différente selon qu'on l'aborde au format roman ou au format film. Ici, on colle tellement à l'histoire originale que la BD me donne plus l'impression d'être un roman graphique à la narration extrêmement verbeuse. Et elle n'apporte donc pas grand chose aux gens qui ont déjà eu le roman entre les mains.
Pour autant, elle n'est pas complètement inintéressante : l'histoire de Nobody Owens est formidable quoiqu'il en soit, et il est donc assez chouette de la voir disponible pour les personnes peu attirées par les romans et à qui l'image parle davantage. L'ensemble est très bien rythmé malgré la place prise par la narration, et les dessins sont plutôt jolis. J'ai apprécié particulièrement la cohérence des « césures » à ce niveau : les artistes ne font pas que changer à chaque chapitre, ils échangent parfois leurs stylos pour symboliser un changement d'univers tout entier (Cf le monde des Goules), et force est de connaître que ça marche plutôt bien.
Le principal défaut de Nobody Owens tient au fait qu'on sent, de bout en bout, qu'on lit une adaptation de roman bête et méchante, et non pas un scénario tiré d'un roman mais repensé complètement pour tirer le meilleur de son nouveau format. Bien sûr, j'ai quand même passé un bon moment de lecture en sa compagnie (d'où ma note), mais à force de lire des hits comme Sandman ou L'Orchidée Noire, je suppose qu'on devient sans doute très exigent avec ce pauvre Gaiman.
Qui aime bien châtie bien. Et hélas pour toi Neil, je t'adore !