Ah c'est tout le problème quand le tome précédent a fait monter la sauce...
...Si derrière le plat de résistance n'est pas à la hauteur des espérances, ça peut faire un petit peu pschitt.
Je pense d'ailleurs que, pour ma part, c'est le principal problème que j'ai rencontré avec cette "Heure du tigre".
Pourtant tout commençait plutôt bien.
En réponse aux promesses posées par le tome 7, l'ami Largo se retrouve ici à devoir franchir la "frontière" ; celle de la compromission avec la légalité ; celle qui sépare sa notoriété nouvelle de ses accointances exotiques anciennes.
Ça marche d'autant mieux que cette compromission prend une forme assez saisissante et iconoclaste...
...celle d'un moine bouddhiste armé d'un uzy. Excusez du peu.
C'est qu'en plus l'intrigue a la bonne idée d'enchaîner tout de suite dernière avec une bonne scène d'action qui n'est pas sans rappeler l'état d'esprit d'un "El Cascador"...
Bref, à bien tout prendre donc, tout semblait bien parti.
Seulement voilà, sitôt le feu d'artifice des premières pages est-il accompli que cette "Heure du Tigre" enchaîne derrière les déceptions.
Déception d'abord au niveau du rythme. L'air de rien celui-ci retombe vite, la faute à une longue marche qui n'apporte pas grand-chose en termes de tension.
Déception aussi au niveau des enjeux puisque malgré le fait que le tome précédent ait pris la peine de mobiliser une plâtrée d'acteurs différents dans cette intrigue - CIA, État américain, État birman, putschiste local, tribus rivales - au final on ne voit finalement pas grand-chose de tous ces gens-là.
L'intrigue se réduit rapidement à une opposition entre Largo et la junte d'un coté contre le responsable local de la CIA et le général putschiste de l'autre.
Et enfin et surtout déception au niveau de l'évolution du personnage principal. "La forteresse de Makiling" annonçait cette escapade birmane comme un possible point de non-retour pour Largo. Mais au lieu de nous offrir ici un cheminement initiatique, cette "Heure du Tigre" y préfère une accumulation de clichés plutôt beaufs ; le clou de cette logique se résumant par la manière dont est exposée la relation entre Largo et Malunaï.
Ah mais quelle accumulation de clichés cette relation ! D'un côté la jeune et belle fille de chef qui s'est réservée pour l'homme qu'elle aime. De l'autre le beau et ténébreux occidental qui sauve le monde... C'est juste Picahontas mais avec des dialogues beaufs à base de "Eh mademoiselle vous êtes quand même charmante..." et tout le tralala.
Ah mais quelle tristesse !
...
Ainsi, c'est avec un vrai goût d'amertume dans la bouche que j'ai parcouru les dernières pages de ce tome.
Au final pas grand chose n'a changé ni bougé.
Largo et Simon se retrouvent à la plage en mode "tout est bien qui finit bien".
Largo est resté sensiblement le même. Il n'a pas été amené à basculer dans une sorte de rébellion institutionnelle ou quoi que ce soit d'autre...
A bien tout prendre même, si on s'amuse à retirer ce dyptique de la saga on a au final l'impression que ça ne change rien.
...Et ça, franchement, c'est le genre de choses qui me gonfle.
Ça c'est tout le Van Hamme que je n'aime pas.
C'est le Van Hamme qui en garde sous le coude.
C'est le Van Hamme qui n'ose pas faire des choix radicaux.
C'est le petit Van Hamme quoi...
Et ce qui est terrible avec Van Hamme, c'est qu'il ne faut pas attendre bien longtemps dans une saga avant qu'il devienne petit.
Ainsi j'attendais l'heure du tigre et au final j'ai eu le quart d'heure de la souris.
Bien triste conclusion donc.
De quoi me faire grandement rugir de peine, à mon grand désarroi.