Fabcaro, Fabrice Caro à la ville, est un auteur complet de BD. Il s'est essayé à plusieurs styles et l'absurde de "Zaï, Zaï, Zaï, Zaï" l'a propulsé de la confidentialité aux portes de grandes maisons d'édition. Il a écrit des scénarios pour Achille Talon (pas évident de passer après le grand Greg) et pour le personnage de Gotlib (une gageur), Gai Luron. Deux reprises avec succès. Il collabore avec grand nombre de dessinateurs, notamment Fabrice Erre et a publié aussi pour Fluide Glacial. Entre deux albums il arrive encore à pondre des romans, excellents dont certains ont été adaptés au cinéma. Un auteur très talentueux à l'imagination et à la fantaisie foisonnantes qui a du recul sur sa propre production et qui est capable du meilleur surtout.
C'est dire si les attentes de la sortie du 40ème Astérix étaient grandes, après 5 albums de Ferri au scénario dont le résultat va de honorable à réussi (Le Papyrus de César). Alors l'Iris Blanc, sorti aujourd'hui dépasse toutes les attentes. C'est une histoire dense avec de l'humour qui fait rire à profusion, d'excellents jeux de mots, des anachronismes nombreux et une thématique (le développement personnel et ses dérives) qui s'inscrit parfaitement dans la logique goscinnienne : parler d'aujourd'hui en le transposant dans le monde antique.
Ce que j'ai apprécié par dessus tout, c'est une certaine épaisseur psychologique des personnages, qui manquait chez Ferri. La trame tourne autour de Bonemine et d'Arbraracoucix. On re-visite Lutèce avec plaisir les rats des champs rencontrant ceux des villes et les quelques piques sur leurs habitants sont dans la cible. Au final c'est largement au-dessus de ce que proposait Uderzo au scénario. Le dessin est toujours de Conrad et il a son propre style qui s'améliore encore, surtout dans les expressions des visages, tout en respectant la charte graphique. Heureusement.