Après 4 ans de disettes wokes nommées Fille de Vercingétorix et Le Griffon, quel plaisir d'aborder la clairière de L'Iris blanc.
Alors, certes, l'album n'est pas exempt de défauts: les noms romains qui se bornent à Sipilinclus (si pile incluse) ou Oranjajus (orange à jus), le service après-vente du plus que médiocre Empire du milieu au cinéma (César définitivement devenu Vincent Cassel sous la mine de Conrad, qui n'a jamais su dessiner le célèbre Jules et qui lui avait même préféré un méchant picte dans son premier album, un méchant qui avait la physionomie ... de Vincent Cassel ! Ou encore le comédien Boxoffix et son menteur éveillé qu'Astérix sauve de l'ire de César en usant de la philosophie de l'infortuné, tout un symbole !)
Ses deux principaux défauts sont à double tranchant et l'on peut y voir, plutôt qu'un mal, un bien.
D'abord l'approche critique courageuse - quoique timide - de ce qui a ravagé les deux précédents opus, une satire du politiquement correct et du wokisme qui est à l'image des caricatures, c'est à dire assumées à demi: Vicévertus serait autant le gauche BHL que le droite De Villepin, le bar du Deumagos qui fait entendre autant démago que deux magots. Il n'en demeure pas moins qu'il y a à saluer la prise risque prise vis à vis de l'Iris blanc bien inquiétant de notre monde réel, qui donne à la morale de Panoramix un goût proche de celle du Domaine des dieux.
L'autre travers pourrait être celui de pasticher beaucoup d'autres albums "village" parmi lesquels Obélix & Cie mais surtout Le Devin, qui, lui, a des planches que l'on pourrait parfois superposer. Mais on est davantage depuis un Anti-Devin ou n Anti-Zizanie, satire de la Bien-pensance oblige. Le travers serait alors qu'il se divise aisément en deux parties de 24 pages, bien distincts: la partie au village, la partie à Lutèce. Cette division n'est pas étrangère à celle d'Obélix & Cie mi-Gaule mi-Rome et a même pour ciment la satire parisianiste.
Il en résulte un album 2 en 1 très plaisant, pour peu qu'on en soit pas la cible - la bonne société hipster parisienne - qui renoue souvent avec le quotidien (le TGV, la gastronomie, l'art) de l'ADN des Astérix originels du tandem Uderzo-Goscinny en se défaisant du sacro-saint message woke, écolo et matriarcal des deux albums précédents où Astérix et Obélix étaient tristement relégués au second plan de "suiveurs" ou de "touristes amusants".
Pourvu que le prochain suive cette recette et abandonne les Divins Délices où s'étaient perdus Conrad-Ferri, tout en retrouvant le César pré-Cassel si cher à l'univers d'Astérix.