J'avais dit que je goûtais peu le genre littéraire de la BD et donc que je ne chroniquerai pas de BD sur SC.
Et voilà que, crâââc, on m'offre à Noël le n° 40, le tout dernier album d'Astérix écrit par je ne sais plus qui. Ah j'ai l'air fin, moi, qui me vois propulsé comme lecteur à la mode de BD …
Ah oui, une petite diversion, pour expliquer pourquoi je ne "goûte" pas tant que ça le genre.
C'est que mon cerveau a une malformation d'origine. Je ne sais pas lire une BD. En effet : ou je regarde les images et oublie de lire le texte sauf quand il y a une grosse onomatopée qui prend les trois-quarts du dessin ; ou je lis le texte et ne vois plus les images.
Total, régulièrement je suis obligé de repartir en arrière pour reprendre soit les images, soit le texte.
Finalement, bon an mal an, je finis par y arriver. Là, le texte et les images, c'est pas mal. J'ai bien une tenace impression de "déjà lu" ("les lauriers de César", par exemple mais aussi pas mal d'autres). Mais l'histoire se tient, on ne se sent pas trop dépaysé par les dessins que je trouve (sous réserve) peut-être un peu moins élaborés. On retrouve bien les classiques comme le gueuleton final, la petite critique des parisiens (têtes de chiens) qui va bien, … Les jeux de mots sur les noms sont dans le même esprit de l'original. Je ne m'en souviens déjà plus, mais j'avais noté quelques noms bien sentis.
Conclusion, à la grosse, ça va.
Non, là, où j'ai un problème métaphysique (ce qui est un comble chez un athée), c'est le principe.
C'est comme si un auteur moderne (choisissez qui !) décidait de poursuivre "la comédie humaine" de Balzac avec un roman où on refait Rastignac en train de draguer la poule de luxe dans les salons parisiens de 1830.
Ça ne sera jamais un roman de Balzac.
Ou mieux, si un compositeur moderne (choisissez qui !) décidait de faire – enfin – la dixième symphonie de Beethoven.
Ça ne sera jamais la dixième symphonie de Beethoven.
Je sais, je sais, on va me rétorquer que les cinéastes ne m'ont pas attendu pour faire des re-re-remakes de films où tout semble pourtant avoir déjà été dit. Sauf que ce n'est pas pareil car il s'agit d'interprétation d'une histoire, d'un scénario.
Non, plus j'y réfléchis, plus le procédé me choque moralement. Le tandem Goscinny – Uderzo est mort. Qu'on les honore et qu'on les laisse en paix dans leurs tombes avec leurs héros. Qu'on continue à chérir les héros avec la larme à l'œil pour ces écrivains (trop tôt) disparus.
Mais qu'on ne cherche pas, pour des raisons uniquement mercantiles, à poursuivre une œuvre qui est désormais terminée.