L’Odyssée du Mal, deuxième tome de la Justice League par Geoff Johns et une armée de dessinateurs, c’est un peu comme un blockbuster estival bourré d’effets spéciaux, mais où le scénariste a oublié d’écrire la moitié du script. Les cases explosent de dynamisme, mais l’histoire peine à aller plus loin que le niveau "Boom ! Bam ! Pow !".
L’intrigue se veut ambitieuse : la Justice League fait face à une nouvelle menace cosmique, avec des enjeux supposément épiques. Mais le résultat manque de profondeur. Geoff Johns tente de construire des relations entre les membres de l’équipe, mais cela reste souvent superficiel. Superman, Batman, Wonder Woman et les autres passent plus de temps à lancer des punchlines qu’à avoir de vrais échanges significatifs. Les moments de tension dramatique tombent à plat, et l’odyssée promise ressemble davantage à une balade dans le chaos sans carte ni boussole.
Visuellement, il n’y a pas grand-chose à reprocher. Jim Lee et consorts livrent des planches spectaculaires, avec des designs qui en jettent. Les doubles pages sont impressionnantes, les costumes brillent comme s’ils sortaient de la machine à laver cosmique, et chaque pose semble calibrée pour un poster. Mais cette surcharge visuelle finit par étouffer l’ensemble. Trop de détails, trop de "regarde comme c’est cool", et pas assez de respiration narrative pour que l’action ait un véritable impact.
Le problème principal réside dans le déséquilibre entre le fond et la forme. Johns sait écrire de grands arcs narratifs (Green Lantern en est la preuve), mais ici, il semble plus préoccupé par l’idée de montrer une équipe "badass" que de développer une histoire captivante. Les méchants manquent de charisme, et les dilemmes moraux ou stratégiques, pourtant essentiels dans une histoire de Justice League, sont éclipsés par des scènes d’action interminables.
Même les interactions entre les héros, qui pourraient sauver l’ensemble, manquent de relief. Les tentatives d’humour tombent souvent à plat, et les dynamiques de groupe restent figées dans des archétypes (le leader, le sceptique, la guerrière, etc.) sans réelle évolution.
En résumé : L’Odyssée du Mal est un tome qui mise tout sur le spectacle visuel, au détriment d’une intrigue solide et de personnages réellement travaillés. Si tu veux en prendre plein les yeux, cette BD peut faire le job, mais ne t’attends pas à un voyage mémorable dans l’univers DC. Une odyssée qui aurait mérité de meilleurs guides… et un GPS scénaristique.