Avec La Belle Mort, Mathieu Bablet nous plonge dans un monde post-apocalyptique où la fin du monde ressemble moins à un chaos effréné qu'à une balade contemplative dans une galerie d’art un peu glauque. Ici, les insectes géants ont pris le contrôle de la Terre, mais pas de panique : tout est traité avec un calme presque zen. Peut-être un peu trop, d’ailleurs.
L’histoire suit trois survivants errant dans une ville en ruine. Et quand je dis "errant", je veux dire vraiment "errant" : ils marchent, discutent, réfléchissent, et parfois, ils se demandent pourquoi tout ça s’est effondré. L’action est rare, presque anecdotique. En fait, l’apocalypse de Bablet, c’est un peu comme un film d’auteur où la fin du monde est un prétexte pour philosopher sur la condition humaine.
Visuellement, c’est là que le manga brille. Les décors urbains en ruine sont incroyablement détaillés, presque hypnotiques. Chaque bâtiment, chaque rue semble respirer la désolation. Mais paradoxalement, cette beauté graphique finit par jouer contre le rythme de l’histoire. On admire les cases, on s’émerveille devant les décors, mais l’action, elle, reste au point mort. Un peu comme si on regardait un diaporama de l’apocalypse avec un commentaire qui commence par "Et là, un autre immeuble détruit…".
Les personnages, eux, manquent un peu de relief. On sent qu’ils portent un lourd bagage émotionnel, mais leur développement est éclipsé par les longues scènes contemplatives. Les dialogues sont souvent introspectifs, mais ça frôle parfois l’existentialisme de comptoir. Heureusement, Bablet insuffle une dose de poésie dans cet univers morne, et c’est là que réside la force de son œuvre : dans cette capacité à trouver de la beauté dans la fin.
En résumé, La Belle Mort est un OVNI graphique qui séduira ceux qui aiment les récits contemplatifs et les décors soignés. Mais si vous espérez une apocalypse pleine d’adrénaline et de chaos, préparez-vous à être surpris… et peut-être un peu frustré. C’est beau, c’est lent, c’est presque méditatif. Bref, c’est une apocalypse qui vous demande de respirer un bon coup et de prendre le temps d’admirer les insectes géants.