Avec La Cabane, Julien Neel continue de faire évoluer Lou dans un univers qui mêle tendresse, humour et introspection. Ce septième tome marque un tournant plus mature pour la série, mais en troquant un peu de sa légèreté emblématique pour des thèmes plus sombres, il risque de dérouter certains lecteurs habitués à ses cabrioles lumineuses.
Lou, désormais jeune adulte, est en quête de sens dans une vie qui semble vaciller entre souvenirs d’enfance et responsabilités adultes. Alors qu’elle revient sur les lieux de son passé, la fameuse cabane devient le point central d’un récit empreint de nostalgie et de quête identitaire. Si cette évolution thématique est intéressante, elle alourdit parfois l’histoire, où l’humour pétillant des premiers tomes laisse place à une ambiance plus contemplative.
Le personnage de Lou reste toujours aussi attachant, mais on sent qu’elle est en pleine transition, ce qui la rend parfois plus difficile à cerner. Elle n’a plus tout à fait l’énergie pétillante des débuts, et sa mélancolie, bien que compréhensible, peut freiner ceux qui cherchent avant tout à retrouver le charme insouciant de ses premières aventures.
Visuellement, Julien Neel est fidèle à lui-même. Les planches sont magnifiques, avec des couleurs chaleureuses et des compositions qui respirent l’émotion. Les paysages, notamment ceux autour de la cabane, sont sublimés, et l’ambiance visuelle parvient à traduire l’état d’esprit de Lou avec subtilité. Mais parfois, ce soin esthétique donne l’impression que l’image dépasse le scénario en termes d’impact.
Narrativement, La Cabane mise sur une structure introspective et des dialogues plus profonds. Si cela enrichit l’univers de Lou, cela ralentit aussi le rythme. Les moments de légèreté sont plus rares, et l’histoire prend son temps pour dérouler ses réflexions. Cela plaira à ceux qui cherchent une lecture plus émotionnelle, mais frustrera ceux qui espéraient retrouver la vivacité des premiers tomes.
Le principal bémol de ce tome est son équilibre. En voulant aborder des thématiques plus adultes, il risque de perdre un peu de l’âme joyeuse qui faisait de Lou ! une série aussi rafraîchissante. Cette maturité est bienvenue, mais elle aurait gagné à être accompagnée d’un soupçon supplémentaire de l’humour et de la fantaisie qui définissaient la série.
En résumé, La Cabane est un chapitre visuellement splendide et émotionnellement sincère, mais qui semble chercher son équilibre entre nostalgie et nouvelles ambitions narratives. Avec une Lou en pleine transformation, ce tome marque un tournant pour la série, mais pourrait diviser les lecteurs. Une cabane pleine de souvenirs, mais dont certaines planches grincent sous le poids des attentes.