J’avoue que j’ai mis un certain temps avant de me positionner sur cet épisode.
D’un côté, j’apprécie tout ce que cet album parvient à poser dans la logique typique de cet univers.
Encore une fois, on nous pose un monde absurde ; un monde sans valeur ni sens ; un monde dans lequel chacun s’efforce de faire sa vie sans forcément questionner ni comprendre sa condition.
De même, le fait que Sokal place au cœur de tout ce cynisme ambiant un personnage tel que celui de Klapov, c’est quand même vraiment bien vu.
C’est le pauvre gars désabusé qui, malgré l’usure, semble avoir préservé en lui une sorte d’innocence qui lui fait croire qu’il existe encore une forme de noblesse à la profession.
Il incarne ce petit truc beau qu’on a envie de voir sauvé dans cet univers sombre et désabusé. Un truc suffisamment fragile en plus pour qu’on se prenne d’empathie pour lui.
En cela, l’association de ce monde et de cet univers fonctionnent bien dans cet album.
Par contre, beaucoup trop de choses dénotent pour vraiment obtenir mon adhésion.
D’abord, il y a le style global de l’album. Très clair. Assez dépouillé dans ses lignes. Ce n’est pas moche, mais d’une part ça donne un ton global assez incohérent avec l’univers de cet album, mais ça se révèle aussi incohérent avec tout le reste de la saga.
Et puis au-delà de ça, ce tome s’essouffle très vite.
L’impression de remplissage finit rapidement par se faire sentir. Des tentatives de rattachement aux précédents albums sont opérées mais elles se révèlent non seulement artificielles mais en plus assez contreproductives.
Pour le coup, la présentation d’un Raspoutine fringant et un peu bonhomme peut encore coller avec celui de « La Marque de Raspoutine », mais par contre il désacralise totalement la figure presque iconique qu’était devenu ce personnage dans « Les Noces de brume. » Pour le coup, je trouve que c’est une véritable faute de goût d’avoir procéder ainsi.
...
Au final, l’intrigue se finit de manière assez plate.
Tout cela a des accents de critique sociale un peu facile et sans finesse.
Ça fait un peu auteur qui pioche dans sa « boîte à causes ».
Mais bon, l’un dans l’autre il n’y a rien de honteux non plus.
On est juste dans une histoire que ne surprend jamais.
Au final, seul le sort de Klapov m’a permis de ne pas décrocher de l’intrigue.
Bref, un « Canardo » assez plat et dont les choix peuvent clairement être discutés.
Pas totalement inintéressant c’est vrai, mais cela reste malgré tout franchement oubliable…