La Caste des Méta-Barons est une bande dessinée dérivée du cultissime L'Incal, avec un Juan Gimenez au sublime dessin remplaçant sans rougir Moebius, et Alexandro Jodorowsky toujours au scénario, aussi subtil qu'un mammouth dansant la polka dans un magasin de vases en cristal.
Cette série se penche sur passé de la famille du personnage du Méta-Baron Sans-Nom, aussi épique que mystérieux, méthodique, intransigeant (certains diront borné), mâle alpha dans toute sa splendeur musculeuse. Remontant aux origines de sa famille de guerriers surpuissants, La Caste des Méta-Barons se veut être une fresque noire et tragique dans un cadre Space-Fantasy sans aucune limite.
Si les prémices laissent craindre un vulgaire copier coller de Dune, (quand on se souvient que Alexandro Jodorowsky avait travaillé avec Moebius à l'adaptation de l’œuvre maitresse de Frank Herbert pour finalement renoncer, on peut comprendre qu'il ait eu envie de se servir de matériel passé), l'épopée acquiert finalement une texture qui lui est propre pas désagréable, si on n'est pas réfractaire aux défilés de créatures sculpturales et autres titans taillés dans le roc. Forcément, en passant d'un ancêtre à l'autre, une certaine redondance s'installe ainsi qu'une légère surenchère, mais pas au point de lasser le lecteur.
Quelques griefs cependant. Un gros en fait. Ces foutus robots. Certes narrateurs. Mais quand même. Leurs échanges de quolibets m'ont rapidement tapé sur le système. Ce n'est pas drôle, ce n'est pas intéressant, c'est juste terriblement agaçant et chacune de leurs apparitions casse systématiquement le rythme et l'atmosphère de lecture. Un peu comme si Homère (toute proportion gardée, entendons nous bien), en plein chant XVI, alors que l'émotion est à son comble et que Patrocle charge Hector, s'interrompait et se lançait dans un concours de pets. Zut à la fin.
(Et ce n'est pas leur intégration au final de l'histoire qui m'a réconcilié avec eux).
Derechef niveau dessin, c'est globalement magnifique, Juan Gimenez m'a mis quelques claques, vaisseaux, planètes et autres étrangetés stellaires dessinées font plaisir à la rétine et s'accordent bien avec la narration démesurée de Jodorowsky.
Une lecture sympathique donc, enrichissant considérablement le background d'un des personnages les plus emblématiques de la saga de l'Incal.