Ah mais voilà qui augurait que du bon !
« La couronne d’Ogotaï » !
Moi qui ne jure que par le cycle du pays Qâ, quand je lis un titre pareil, forcément j’exulte !
Et pourtant – oh surprise ! – au final je considère qu’au regard de ces prédécesseurs c’est sûrement l’épisode le plus faible de toute la saga (jusqu'à présent).
Quel en est la cause ?
Bah le problème c’est justement le postulat proposé par cet épisode : le voyage dans le temps.
Alors OK, ce n’est pas la première fois que cette saga se risque à une pareille thématique puisque déjà, « le Maître des montagnes » en avait fait son élément central.
Seulement il y a quand même une nuance de taille qui est à prendre en compte avec ce « casque d’Ogotaï » : c’était que « le maître des montagnes », lui, il avait eu l’intelligence de poser beaucoup de contraintes spatiales et temporelles pour éviter que ces voyages partent totalement en sucette.
Or, là, dans cet épisode, c’est juste la fête du slip.
Dans ce tome 21, Van Hamme se risque à tout et n’importe quoi avec ce concept là et les conséquences se révèlent très vite désastreuses.
Parce que bon, on parle de « Thorgal » là : l’univers qui contient déjà des lutins, des gnomes, des dieux, des dimensions différentes, des Atlantes, des voyages interstellaires… Cet univers est un tel fourre-tout que c’est un miracle qu’il ait pu tenir plus ou moins debout sur vingt tomes.
Mais là, à rajouter ce type de voyages dans le temps et en les traitant de cette manière là, Van Hamme a malheureusement rompu chez moi les conditions qui faisaient que j’arrivais encore à m’impliquer dans cet univers.
En gros, avec cet épisode, on découvre qu’on peut tout changer, comme on veut, à tout moment.
Il suffit juste qu’un « voyageur » débarque et c’est réglé.
Ainsi, les événements ne portent plus. On peut tuer Thorgal, Kriss ou n’importe qui d’autre, on sait que de toute façon on pourra toujours corriger ça à n’importe quel moment.
Moi j’appelle ça « l’effet Harry Potter » ou « l’effet Jon Snow ». A partir du moment que tu sais qu’il existe dans l’intrigue un sort capable de ramener les gens morts à la vie, tu ne vois plus de raison de t’inquiéter pour eux et de te préoccuper de la pertinence de leur décision.
De toute façon, il ne pourra rien leur arriver. Ils sont sur un tapis roulant qui les conduira là où l’auteur aura décidé de les emmener. Et si c’est impossible eh bah t’inquiète, il y aura bien un sort de magie, une sorcière ou un voyageur du temps pour dissoudre le souci.
Alors je sais qu’avec les dieux, on n’était déjà pas loin de cette logique dans « Thorgal », mais fort heureusement, Van Hamme avait eu l’intelligence de les maintenir en périphérie de l’intrigue principale.
Là, on est en plein dedans et le pire, c’est qu’en plus il nous fait ça mal.
L’intrigue se prend les pieds dans tous les pièges, abordant des concepts qu’elle ne maitrise pas puis qu’elle n’applique pas.
Ainsi on nous dit que l’univers s’écroulera si deux Jolan distants de quelques heures seulement se croisent, par contre, si une quinzaine d’années les sépare, tout va bien ! Idem pour ce qui est de la manière d’utiliser les différents voyages. Des trucs qu’on dit interdits sont finalement possibles, et des trucs possibles ne sont finalement pas faits.
...
Du coup, arrivé à un certain point, ce tome peut nous raconter tout ce qu’il veut car on n’y fait même plus attention tant il devient impossible d’apporter du crédit à une logique qui se contredit elle-même en permanence.
C’est triste, parce que pour le coup – encore une fois – le duo Rosinski / Van Hamme avait encore fait l’effort de connecter cet épisode à de nombreux autres afin de donner une cohérence globale à l’univers de « Thorgal », tout comme il s’était risqué à apporter des éléments nouveaux pour l'enrichir.
Seulement voilà, avec pas mal de stupidités et de ridicule, ce tome se coule tout seul comme un grand.
Et ça, ça fait vraiment mal…