C'est dur de vivre une fois mort ...

Si vous suivez mon "oeuvre", vous devez sûrement savoir que j'apprécie énormément le travail, et par delà même le talent, de Robert Kirkman. Alors, qui est-ce donc que ce monsieur? Je vais vite fait faire un petit topo à ceux qui ne le connaîtraient pas, pour leur faire rattraper le niveau qui leur manque ( pour ce qui est de cet artiste, le reste, je n'en sais rien et honnêtement, i don't care, cela ne concerne que vous et les autres, pas moi ).

Déja, notre ami Rob est un fervent admirateur de zombies. De cela, je pense que personne ne doute. En même temps, sachant qu'il a bâti sa carrière sur deux putains d'oeuvres de malade mental révolutionnant le mythe des rôdeurs dans la bd américaine et internationale, fallait pas s'appeler Sherlock Holmes pour comprendre que le mec en passe pour eux.

Et donc, sur ce, il est nous pond Marvel Zombies. Juste après Walking Dead et Invicible, voilà que l'on découvre une nouvelle aventure de ses fameux zombies et super-héros. C'est un peu comme s'il mélangeait ses deux comics phares et personnels, en fin de compte, pour nous en fournir un qui dépasserait complètement les attentes des gens, et ferait littéralement exploser les records de vente.

Un succès en somme, mais un succès mérité, surtout. En fin de compte, ce n'est pas tellement aux zombies qu'il s'attaque dans le cas présent, mais bien plus aux super-héros, à ces mythes modernes de l'âge d'or du capitalisme, à ces icônes de notre enfance à tous. Et justement, c'est là que l'on voit le génie du mec : il te pose ses couilles sur la table, et t'envoie toutes les convenances, et les stéréotypes inhérents au genre, dans le néant de l'espace intersidéral.

Et force est de constater que nul autre scénariste n'aurait pu nous pondre une oeuvre ne serait-ce qu'équivalente. Je ne parle pas de quelque chose de supérieur, non, parce que je ne vois guère comment l'on aurait pu faire mieux. Kirkman nous fournit donc, comme à son habitude, un travail remarquable.

Je ne vais pas dire que je n'avais jamais vu cela, car je l'ai déja beaucoup trop dit en ce qui concerne son travail. L'idée de base est donc extraordinaire : faut le dire, transformer de véritables icônes de liberté en dévoreurs d'honnêtes citoyens, c'était beaucoup trop impensable pour pouvoir ne serait-ce qu'imaginer y goûter un jour. Et sans déconner, qu'est-ce que ça a bon goût !

C'est un peu comme si Rob nous avait concocté un plat dont il a la spécialité, à base de membrane et de tripailles. L'écriture, bien que très bonne, s'avère, par contre, trop linéaire dans sa forme. Dans le fond, c'est vraiment très bon, mais pour ce qui est du reste, cela pourra ne pas plaire à certains lecteurs. En fait, c'est surtout que le schéma narratif est constamment le même.

Il s'agit de dire que les mecs ont faim, qu'ils trouvent une proie, qu'ils se battent, qu'ils la bouffent, et qu'ils recommencent à zéro parce que sans déconner, c'est des putains de zombies les mecs. En fait, j'aime à penser que c'est pour souligner l'aspect "routinier" de la vie de ces super-héros, et de la nôtre par échéance, que Kirkman traite son sujet de cette manière ci. Seulement, même moi j'ai un peu du mal à y croire, tellement le truc semble manquer d'originalité.

Mais le reste demeure bel et bien excellent, notamment dans les dialogues entre les personnages, réellement savoureux, et dans l'imagination même de Rob, franchement débordante, il faut bien le dire. Vous l'aurez compris, sur ce point, c'est vraiment très correct. Néanmoins, il serait pertinent de soulever l'aspect dérangeant, amoral et ultra-violent de la chose. On est rapidement mal à l'aise devant ce décors de sadisme et de mauvais goût.

Ainsi, les plus jeunes ne pourront, à l'évidence, pas lire ce comics ci. Les dessins décuplent l'aspect gore et crade de la chose. Mais bien après le choc initial initié par le côté très adulte et immoral de la chose, un rapide sentiment de fun et terriblement jouissif. Le jeu d'ombres, quant à lui, appuie le sombre et la violence âpre du comics.

Et puis, sublime réussite de l'artiste, le comics est encore plus angoissant, glauque et marquant que Walking Dead. C'est normal, on connaît ces personnages depuis notre enfance, et l'on n'a pu, avec le temps, qu'irrémédiablement s’attacher à eux. Et c'est justement cela qui rend le choc encore plus intense et violent.

Loin des beaux jours gentils et beaux des super-héros, on est plutôt tombés de l'autre côté de la barrière, dans leur aspect sombre, glauque et dégueulasse. Comme je vous le disais, seul Robert Kirkman pouvait faire cela. Et bien entendu, il l'a fait.