Les revues Tintin et Spirou cantonnaient les jeunes femmes à de tristounets seconds rôles. Mai 68 survint et surgirent la blonde archétypale hôtesse de l’air Natacha de François Walthéry et l’ingénieure japonaise en électronique Yoko Tsuno !
Proposée par Leloup comme un personnage secondaire du Jacky et Célestin de Peyo, Yoko bénéficiera de sa propre série. Elle ne manque pas d’atouts : une fine silhouette bondissante, un brevet de pilote, une ceinture noire d'aïkido et des amis, Vic le compagnon confident, Pol le grognon comique et, plus intermittentes, les Vinéennes Khâny et Poky. Yoko ne craint rien, si ce n’est de donner la mort : elle s’interdit les armes létales.
La Forge de Vulcain est le 3e album. Les difficultés techniques d’une plateforme de forage incitent Yoko à partir en reportage. Elle découvrira sous les vagues, non pas la plage, mais des Vinéens ! Le sinistre Karpan ourdit rien moins qu’un tsunami !
Le dessin est parfait. Leloup excelle déjà dans les machines futuristes volantes ou rampantes aux formes en coin (mode seventies), les perspectives audacieuses et les pleines pages. Yoko vole, saute, plonge et vainc. Le scénario est plaisant et les rebondissements bien menés.
Une seule réserve : Leloup aime trop les filles. Ce cœur d’artichaut s’attache immanquablement à ses personnages secondaires, qu’il se refuse, ensuite, à abandonner. Pratique certes louable, mais qui ne facilite pas la lecture. Cette difficulté n’a fait que s’exacerber dans les derniers albums avec la blonde allemande Ingrid Hallberg, la jeune asiatique Rosée du matin, la brune terrienne Monya venue du futur, la rousse russo-écossaise Émilia Mac Kinley, les innombrables Vinéennes, leurs cousines, nièces et tantes, sans oublier les amies des amies… toutes minces, plus ou moins nattées et souriantes.
Juillet 2017