Avec La Galère d’Obélix (1996), Albert Uderzo nous embarque dans une aventure où le duo gaulois préféré tente de garder le cap... mais le bateau tangue dès le départ. Ce trentième tome, bien que visuellement fidèle à l’univers, semble ramer à contre-courant pour retrouver la magie des premiers albums.


L’histoire débute sur une idée prometteuse : Obélix, puni pour avoir bu toute la potion magique, se retrouve transformé en pierre après un abus accidentel. Ça aurait pu être une intrigue intéressante, mais le récit prend rapidement l’eau en multipliant les détours inutiles et les situations rocambolesques qui peinent à faire mouche. L’arrivée de pirates phéniciens et de Jules César lui-même ne parvient pas à sauver une intrigue qui manque de souffle.


Obélix, d’habitude le cœur comique et touchant des aventures, est ici relégué à un rôle quasi-inerte pendant une bonne partie de l’album. Astérix tente de briller en solo, mais sans son compagnon grognon et attachant, l’aventure perd beaucoup de son charme. Les autres personnages, qu’ils soient Gaulois ou Romains, peinent à compenser l’absence d’alchimie entre nos deux héros.


Visuellement, Uderzo reste fidèle à son style : les dessins sont dynamiques, les expressions amusantes, et les décors maritimes sont plutôt réussis. Mais même la beauté des illustrations ne suffit pas à masquer un scénario qui semble voguer sans boussole. Les gags, autrefois si percutants, tombent souvent à plat, et l’humour satirique qui faisait la force de la série est ici remplacé par des blagues qui manquent de finesse.


Et que dire des pirates phéniciens ? S’ils ajoutent une touche exotique, ils ne parviennent pas à animer une intrigue qui manque de consistance. Leur présence, tout comme celle des pirates classiques, semble davantage là pour cocher une case nostalgique que pour apporter une vraie valeur narrative.


En résumé, La Galère d’Obélix est une aventure qui flotte mais ne navigue pas vraiment. Uderzo, bien que toujours talentueux, semble peiner à retrouver l’étincelle qui faisait de chaque album une petite pépite. Les fans de la première heure apprécieront peut-être quelques moments de nostalgie, mais cet opus donne l’impression d’un voyage en haute mer qui manque cruellement de vent dans les voiles. Une galère, oui… mais pas forcément dans le bon sens du terme.

CinephageAiguise
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le 13 déc. 2024

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