Attention, aujourd’hui je vous livre une rareté : l’excellente adaptation en bande dessinée d’un excellent classique de la science-fiction américaine, jadis récompensé par les prix Hugo, Nebula et Locus. Joe Haldeman y sublimait ses souvenirs de vétéran du Viêt-Nam pour nous brosser un avenir lointain et belliqueux. Il jouait sur les paradoxes temporels pour nous proposer une résolution surprenante. Après onze siècles de guerre impitoyable, seul le clonage permettait à l’humanité du troisième millénaire d’entrer en communication, enfin, avec ses adversaires taurans, eux-mêmes clonés… pour aboutir au constat que le conflit était sans objet.
Marvano élague le roman pour le resserrer sur ses aspects militaires. A l’image des Viêt-Cong des rizières, l’ennemi est rare, brutal et imprévisible. Son dessin est classique mais efficace. Fidèle à la plume d’Haldeman, il porte un soin particulier au graphisme des armes, uniformes et autres vaisseaux qui réjouira les technophiles. Il parvient à signer une bande dessinée pacifiste, sans pour autant verser dans l’antimilitarisme, nous proposant le portrait d’une armée crédible, à la discipline ferme, mais au fonctionnement étonnement administratif.
Février 2017