Il y a des livres qu'il vaut mieux lire la panse pleine. C'est le cas de La Passion de Dodin-Bouffant. Ça rappelle d'ailleurs, dans l'esprit, Le Festin de Babette de Gabriel Axel (adapté de Karen Blixen en 1987 au cinéma). Rien que d'en parler, on a les papilles qui pétillent.
Le 7e Art n'est pas le cinéma (si c'en est un), c'est la Cuisine & la Gastronomie !
Et je ne dis pas ça parce que c'est actuellement la mode des émissions culinaires à la tv (que je ne regarde jamais). C'est le seul art qui mette en éveil les sens déconsidérés par les 6 autres arts majeurs (le goût et l'odorat, et un peu aussi le toucher), uniquement voués à flatter l'ouïe et la vue (et un peu le toucher aussi - la sculpture, mais pour l'artiste seulement).
Tout le monde n'a pas le talent nécessaire (base de tout art) pour créer des œuvres dignes de ce nom, malgré ce qu'on veut nous vendre régulièrement, selon quoi une bonne idée remplacerait le talent. Ça, c'est l'apanage des médiocres. Ainsi, il ne suffit pas de vouloir faire un bon plat, une belle peinture, un grand opéra, etc... pour y parvenir. Il faut un don, et surtout éprouver celui-ci et le travailler constamment. Et cet album nous le prouve une nouvelle fois.
La lecture se fait avec le sourire de bout en bout, le dessin primesautier de Mathieu Burniat ajoute une petite touche d'espièglerie aux acteurs de cette histoire, simple mais fine. Le récit est non dénué d'onirisme, et Adèle, la cuisinière potelée, est toute mignonne. On aime les personnages et on aimerait bien déguster un bon repas en leur compagnie. Mais ce n'est pas sûr que le sieur Dodin-Bouffant nous accepterait à sa table.