Commençons par prendre toutes les précautions d’usage et certainement obligatoires dans ces cas-là : Je ne suis nullement un sympathisant de Marine Lepen qui est certainement aussi menteuse et avide que l’ensemble des autres chefs de parti, de gauche, de droite et de la galaxie toute entière.
Je ne m’étalerai pas sur le style graphique qui se veut original mais qui me semble pauvre et faussement réaliste. Ni sur l’articulation de l’histoire prévisible et ultra consensuelle, comme une ode à la non subversion et au politiquement correcte. Je parlerai ici uniquement du postulat idéologique de cette fiction :
Suite à l’élection d’un Hitler réincarné en Marine Lepen, outre ses délires - d’une politique fiction censée être strictement basée sur le programme du Front National - sur notre faillite économique, l’avènement de la dictature Lepen et l’arrestation de dangereux opposants (humour), l’auteur nous propose de suivre la petite vie résistante d’un groupe hétéroclite qui se bat contre les forces du mal et subit les persécutions du régime national socialiste. Une ancienne résistante (Pas dans la norme hein. Pas de celles qui aidaient nos résistants en les nourrissants ou en les cachant. C’était trop classique ça. Non, mémé faisait partie des combattantes armées, beaucoup plus représentatives de la situation des femmes dans la résistance), Un français d’origine magrébine professeur de sport bien intégré et enfin une jeune femme africaine sans papier amoureuse d'un français caucasien au RSA. Parce que pour bien coller avec la visée de l’auteur, il fallait que l’œuvre soit aussi bien féministe, antiraciste, égalitariste, antifasciste, réaliste (humour) et surtout représentative (humour).
Le tableau est dressé et il n’y aura rien de plus à dire sur cette bande dessinée ultra partisane et déplaisante si ce n’est que cela m’a donné l’idée de comparer les militants politiques de tous bords à des supporters de football.
Les supporters (les vrais) suivent sans bornes un club et n’admettent pas de nuances dans leur engagement dicté par la passion. Et bien je peux comprendre la ferveur des supporters qui suivent une équipe de foot pour des raisons historiques, passionnelles et géographiques. C’est sympathique et cela ne prête pas beaucoup à conséquence en France. Alors on leur pardonne avec une certaine tendresse leur adoration puérile car c’est aussi beau d’apporter un sens à sa vie surtout lorsqu’il ne détermine pas celui des autres. Autant en ce qui concerne les militants politiques qui suivent un homme, un parti ou une idéologie sans admettre de nuances, en combattant systématiquement les partis adverses sans jamais accepter de l’opposition un seul argument même quand ce dernier correspond à un point de vue commun, il m’est impossible de ne pas y déceler une part de stupidité que l’on pardonne plus difficilement quand on sait ce que l’histoire nous a appris de l’entêtement de nos militants. La terreur en 1793 ou encore les évenements parisiens de 1848 décrits par Tocqueville dans ses «Souvenirs» qui démontre combien l’obstination des libéraux face aux monarchistes a engendré de massacres sanglants, sont des exemples de révoltes ou d’excès portés par un militantisme trop sectaire qui devraient amener nos idéologues à une critique plus réfléchie et nuancée de notre société et des différents courants qui y prédominent.
Clairement l’auteur n’a pas opté pour cette démarche dans cette œuvre qui non contente d’être de mauvaise facture est aussi un exemple de publicité partisane sans nuance.
En bref concernant «La Présidente», si vous vous souvenez des BD que nous trouvions au CDI contre les stupéfiants ou contre le racisme et que vous avez apprécié pour leur qualité graphique et intellectuelle ; c'est à peu près le même genre de propagande inefficace et clichée au possible sur un fond de malhonnêteté qui devrait vous ravir.