Je continu de plonger dans le glorieux passer de Batman. A travers ses nombreuses collections, Urban Comics nous laisse largement le choix en ce qui concerne ce personnage. J’ai jeté mon dévolu sur la Proie d’Hugo Strange (oui, je suis entrain de me refaire le Batman Arkham City sur PS4). D’ailleurs, je rigole, mais ce jeu c’est peut-être le support où j’ai le plus vu ce personnage. Je l’ai vu dans le dessin-animé, je l’ai vu dans quelques recueils, mais c’est la première fois que je me plonge dans une histoire centrée sur lui.
Batman n’en est encore qu’à ses premières années de justicier lorsque le maire de Gotham, séduit par le discours médiatisé du charismatique professeur Hugo Strange, ordonne que sa police mette tout en œuvre pour jeter le vigilant derrière les verrous. Révélé depuis peu par les médias gothamites, l’inquiétant psychologue fascine par la haine qu’il voue au Chevalier Noir. Une passion qui cache un lourd secret…
La Proie d’Hugo Strange vient compléter la collection Nemesis consacrée aux plus farouches adversaires du justicier Batman. Ici, le scénariste Doug Moench (Batman, Detective Comics) et l’artiste Paul Gulacy (Catwoman, Green Lantern) analysent avec soin la personnalité du psychiatre Hugo Strange, atteint d’une obsession dévorante pour le milliardaire et héros de Gotham, Bruce Wayne. Une thérapie inédite, complète et riche, dont personne ne ressortira indemne.
(Contient les épisodes Legends of the Dark Knight #11 à 15 et #137 à 141)
Hugo Strange n’est pas le premier vilain auquel on pense quand on nous demande de citer un méchant. Le Joker, le Pingouin, l’Épouvantail, ils sont nombreux à passer devant lui dans nos esprits. Pourtant, Hugo Strange est un très ancien adversaire de Batman, cela remonte à 1940.
Dans ces épisodes, en début de carrière de Batman, la question est posée ! Batman est-il un protecteur ou un fléau ? Peu sont ceux qui voient le justicier comme une bénédiction, c’est même plutôt l’inverse. Et même si James Gordon semble accorder sa confiance à Batman, le maire décide de créer une unité spéciale, avec Gordon à sa tête, pour arrêter Batman.
Une idée suggérée par un nouveau venu, le psychiatre Hugo Strange. Gordon se retrouve dans une situation compliquée, chargé de mener la traque d’un justicier qu’il pense être bénéfique pour la ville. Ce que je ne comprends pas, c’est comment il peut prendre un flic comme Maxwell Cort dans l’équipe, alors que ce dernier déteste Batman.
Bon, si, en fait, Maxwell Cort est flic bourru, persuadé que Batman est mauvais, mais il est stupide. Il ne représente pas une véritable menace. Sauf, qu’il va tomber entre les griffes de Hugo Strange. Le psychiatre est persuadé que Batman va être le patient, le cas qui va propulsé sa carrière. A tel point que cela devient une véritable obsession, cela le dévore de l’intérieur.
Hugo Strange n’est pas un personnage quelconque, n’est pas un énième vilain de la galerie de notre héros. Hugo Strange a ce petit truc en plus, cette intelligence qui lui permet de trouver l’identité de Batman. Même si cela est long, même si cela est compliqué, il parvient à percer le secret. Malheureusement, c’est un génie, mais c’est également un fou, un fou capable de s’emporter comme peu de gens pour peu que l’on remette en cause son génie.
Le fait que le secret de Batman soit découvert par Strange assure une tension palpable au récit. Alors que Batman est sur son enquête, enquête dont Strange est le responsable, il doit également faire en sorte que le psychiatre ne ruine pas tout ce qu’il a mis en place. Batman se retrouve dans un étau assez angoissant.
Dans la deuxième partie du tome, une tierce personne rentre en action avec l’Épouvantail. Strange tient à prouver qu’il a raison et prépare un piège diabolique pour se venger ! Mais l’Épouvantail n’est pas aussi manipulable qu’on pourrait le penser. Plus on avance, plus l’action se fait oppressante, plus on se demande comment Batman va s’en sortir.
Et n’oublions pas l’arrivée de Catwoman, qui donne un petit truc en plus à cette histoire.
Mais très honnêtement, ce n’est pas Batman qui tient l’affiche ici, c’est clairement Hugo Strange. Plus on avance dans l’histoire, plus on le voit et plus on réalise que ce n’est pas le psychiatre bien sous tout rapport, mais un pauvre fou obsessionnel, sombrant de plus en plus dans la folie, la folie que Batman provoque dans son esprit. C’est terriblement inquiétant de voir un personnage tel que lui.
Graphiquement, tous les épisodes sont signés Paul Gulacy. La première partie est cependant totalement différent de la seconde. La faute au fait que l’on ait deux coloristes et deux encreurs différents. Et l’on se rend compte de l’impact que cela peut avoir. Le premier arc est plaisant à suivre, à regarder. L’action est belle, les personnages agréables à regarder, avec des visages expressifs.
Ce sont justement les visages qui dénotent dans la seconde partie. C’est vraiment pas beau, j’ai eu beaucoup de mal à croire qu’il s’agissait du même dessinateur. Il est clairement en roue libre, beaucoup moins inspiré. Un dessinateur fatigué, un moins bon coloriste, un moins bon encreur, et c’est une catastrophe.
Bref, ce fut une excellente lecture. L’intrigue n’est pas incroyable, mais le travail sur Hugo Strange est tellement prenant et glaçant. Si la seconde intrigue est bien moins forte que la première, elle offre cependant une belle opposition avec l’Épouvantail et Catwoman.