Pour une fois que je me décide à sortir du très-cool-mais-parfois-critiquable carcan Batman, il fallait que je m’intéresse à son love-interest le plus connu.
Hein, quoi ? Talia ? Connais pas, moi.
Donc oui, j'ai souhaité me pencher plus avant (mais pas trop) sur le personnage de Catwoman, et je suis pas déçu du voyage.
Ce reboot New52 par Guillem March au dessin et Judd Winick au scénario est vraiment très bon.
Déjà car il permet de voir une facette de Gotham que personnellement, j'avais peu vue jusque là, celle du quotidiens des petites gens, celle des petites frappes, des gangsters de quartiers et des proxénètes sans scrupules, loin des grandes batailles épiques de Batman qui sauve la ville des méta-humains tous les 3 jours. Car oui, on insiste souvent sur le fait que Batman est sombre, réaliste, urbain, tout ce que vous voulez, mais au final, les rues de Gotham, il ne fait que les survoler avec son Bat-grappin, il ne les arpente pas tous les jours, contrairement , justement, à Selina Kyle, qui elle a vécu et grandi au milieu des pourris, et doit se battre pour survivre.
Une Catwoman qui, contrairement à un Batman qui a été traumatisé par la mort de ses parents et qui nous le rabâche toutes les nouvelles séries, choisit de passer outre son passé de merde pour tenter de se bâtir sa propre vie, et pour cela, elle choisit d'être le Arsène Lupin des mafieux, pas tant pour appât du gain que par jeu (voler un tableau sans valeur, mais qui est précieux pour la mafia russe de Gotham), par goût du risque. Une héroïne qui fut d'abord victime, mais qui décida de porter le masque pour faire la nique à ceux qui l'emmerdaient autrefois. Pratique sur l'instant pour pas se prendre la tête, mais finalement assez auto-destructeur sur le long terme.
Ainsi, une idée aussi stupide que la romance claire entre Batman et Catwoman prend tout son sens, et n'est pas juste un prétexte à une scène de sexe pour faire le buzz, navré les gars. Déjà parce que voir ce con de Batman se décoincer un peu et assumer ses sentiments pour la femme chat, on dira ce qu'on voudra, mais ça fait plaisir, mais surtout parce que ça illustre bien le conflit intérieur de notre héroïne, une femme qui fonce à l'aveugle vers le danger, sans penser aux conséquence ni au lendemain, une fuite en avant qui, avec un petit copain comme Batman, ne peut que mal finir.
Ainsi, les auteurs font vivre à leur héroïne de belles misères, la poussant souvent à bout physiquement et surtout psychologiquement, pour mieux la reconstruire derrière. La série est d'ailleurs en elle-même assez crue au niveau de la violence. Ok, on est pas au niveau d'un Frank Miller, mais quand même, y'a quelques scènes de pétages de câble qui mettent vraiment mal à l'aise.
La fin du tome 1, qui correspond à la fin du premier arc, montre toutefois un possible échappatoire pour notre héroïne, un moyen de sortir de son cercle vicieux, ce qui est pas plus mal, m'voyez.
Niveau dessin, Guillem March fait bien le taf, il sublime son héroïne en lui donnant un aspect très félin et surtout en ne lésinant pas sur le sexy, mais sans jamais tomber dans le racolage gratuit.
Et les scènes d'action sont très bien faites.
La Règle du jeu n'est pas un grand comics, mais il rend justice à son personnage principal et la rend plus complexe et fascinante pour le lecteur, une histoire honnête, sans prétentions, mais qui réussit bien ce qu'elle entreprend, et ça, on ne pourra pas le lui reprocher.
Pourquoi les Chats ont-ils neuf vies ?
Parce que quand ils en perdent une parce que la branche de l'arbre a cassé, ils se relèvent et se rappelleront de s'accrocher à une branche plus solide, la prochaine fois.