29ème tome d'Astérix et 5ème sans Goscinny, Uderzo commence à nous montrer les limites de sa créativité et offre une histoire très mécanique où il tente tant bien que mal de nous offrir son point de vue sur la condition féminine. Maestria, une lutécienne féministe, vient remplacer Assurancetourix au rôle d'enseignant pour les enfants. Malheureusement l'arrivée de la nouvelle barde, en plus de marquer le départ de l'ancien, amène un flot d'évolution dans la condition des gauloises qui décident de se rebeller et de ne plus être de simples femmes au foyer. Dans le même temps, souhaitant profiter de la légendaire galanterie gauloise, César envoyé une légion de femmes-soldats exterminer le village des gaulois.
Pour commencer, autant passer tout de suite sur le dessin, c'est pas vraiment le meilleur travail d'Uderzo mais le maître ne fait jamais de faute. Ca reste correct et digne du niveau que l'on peut attendre chez Astérix.
Pour le scénario, bien qu'il y ait une vraie intrigue, une vraie évolution et de véritable confrontation, on risque de trouver la fin très mécanique. Notamment l'affrontement contre les camps romains, absolument gratuit au possible. Cependant, ne nions pas qu'il y a aussi de réelles qualités dans le développement d'une révolution interne. C'est dans le village même que le déclic se produit et non pas dans un pays lointain. Uderzo montre aussi que réfléchir à la diversité, cela ne se fait pas qu'à l'étranger, mais aussi chez soi.
Malheureusement, le message en lui-même est très limité. Maestria est présentée comme une féministe manipulatrice qui a carrément des buts politiques et n'hésite pas à trahir les idéaux de son village d'adoption. Dans le même temps, les romaines elles, apparaissent comme superficielles et ne s'intéressant qu'à la mode. On pourrait voir une critique du machisme en montrant que les femmes sont capables d'actions, que Maestria n'est pas la vipère qu'on a voulu croire mais le traitement accordé aux romaines montre au contraire un prochain manque de confiance en le féminisme : comme si les femmes étaient condamnées à être vénales. De la même manière les revendications de Maestria sont assez peu intéressantes : porter des brais, organiser des défilés de modes, voler la place du chef, faire la paix avec l'envahisseur romain. On a donc le sentiment qu'au mieux le féminisme est un caprice, au pire, une trahison de l'intérieur. Globalement Uderzo renvoie une image plus que négative du féminisme, loin des idées que pouvait amener Le Devin, écrit par Goscinny.
Enfin, il reste l'humour et là encore c'est assez moyen. Certes, on rit un peu, mais c'est franchement limite. On comprend que Uderzo est très "mécanique" souhaitant respecter l'esprit qu'avait institué Goscinny sans y procéder de manière aussi naturelle. De plus, Uderzo préfère se concentrer sur l'intrigue plutôt que sur les blagues. Cela n'empêche pas plusieurs rire cependant.
Au final, l'album est intéressant de par son ambition, son originalité scénaristiques, sa qualité graphique (toujours au rendez-vous) et son humour encore présent. Cependant, la mollesse de ce dernier, le traitement accordé aux valeurs féministes et le côté artificiel de l'écriture montre bien qu'on est dans une période de déclin pour Astérix.