Question féministe ?
Bien que n'ayant jamais lu de Margaux Motin au préalable, il était dur de passer à côté de ce phénomène bien connu et remarqué. Connue et reconnue par les médias, la Technique des Plaques a eu le...
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le 8 déc. 2014
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L'autobiographie distanciée et humoristique de Margaux Motin se poursuit avec les aléas difficiles à éviter par nos temps plus qu'instables : Margaux a divorcé, et se retrouve donc seule à élever sa fillette qui commence à en savoir sur le monde davantage que ce qu'exigerait parfois le confort de sa mère. Alors, évidemment, il faut amortir le choc psychologique, surmonter la séparation, tâter ou pas tâter à nouveau du mec, telle est la question.
Comme Margaux tourne autour de la mi-trentaine, elle ne s'est pas départie de ses addictions enfantines et adolescentes, ni des extravagances qui vont avec, et ça se voit. Dansant et chantant (en anglais) pendant de nombreuses pages, avide d'occuper l'espace par des attitudes savamment calculées qui accrochent bien l'oeil, Margaux bénéficie d'une ligne claire de plus en plus lisible qui ne se refuse pas quelques intéressantes recherches qui cassent la monotonie du graphisme : simples crayonnés non coloriés, touches diaphanes de couleurs sur une partie seulement de l'image, inserts de photos et d'images 3D.
On retiendra l'attention toute particulière que Margaux apporte à son look, surtout vestimentaire : au fil des pages, Margaux, sa fille, et leurs copines respectives exhibent une véritable anthologie des tendances de la mode, avec des audaces que seules les filles peuvent comprendre (association de motifs et de couleurs qui inquièteraient même un Jackson Pollock; manches, bas ou jambes de pantalon de longueur inégale d'un membre à l'autre), et cette manière caractéristique des dessinatrices d'afficher en toute innocence des nudités ou quasi-nudités qui constitueraient chez un dessinateur une provocation éhontée au sexe. Un vrai sens des dosages de couleurs, le réalisme des expressions corporelles donnent à cet album une belle place dans le genre restreint du blog-BD.
L'humour est d'abord fondé sur une lecture distanciée des chocs, aléas et perturbations de la vie de Margaux. Les émotions sont vraies, les rappels aux conduites immatures sont convaincants, la joie de vivre de cette fofolle impénitente séduit sans réserve. Margaux ne craint pas d'exhiber ses défauts (sentiments d'exaspération devant les servitudes de la vie de mère seule, aggravée par l'hypocrisie qui est de mise pour faire bonne figure devant sa fille), ses doudous, ses maniaqueries, ses espoirs satisfaits ou déçus. Sur le mode "connasse assumée", elle ne craint pas de faire étalage des comportements les plus agaçants qui effarouchent les hommes : harcèlement affectif, attachement aux marques commerciales les plus démagos (Chocapic, Hello Kitty...), inconséquence ahurissante dans la tenue de ses bonnes résolutions...
Le langage est soigneusement rédigé : aussi bien une expression relevée, au vocabulaire riche et pertinent (qui permet d'hilarants contrastes avec la trivialité des situations narrées), que des avalanches tempétueuses de gros mots, la plupart orbitant dans le champ sémantique du cul et du sexe. Le vocabulaire est émaillée d'expressions métaphoriques d'une grande drôlerie, mêlant les références "djeun's", les phrases de chansons anglaises, et les mots et thèmes des "thérapies" zozotériques à la mode, qui permettent de se relever d'un divorce en assumant le politiquement correct requis par la classe d'âge à laquelle on appartient.
A la fois drôle, sincère et prometteur.
Créée
le 8 sept. 2015
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