Une histoire comme tant d’autres. Des personnages comme tant d’autres. Des émotions uniques. Clémentine est une lycéenne lambda qu’un simple regard d’azur va bouleverser. Aspirée, submergée, asphyxiée par le bleu d’Emma. Le bleu est une couleur chaude, une couleur où l’on se noie.
Difficile de ne pas se laisser emporter par cette histoire d’amour entre Clémentine et Emma. Malgré les poncifs et une certaine banalité, la relation est décrite avec beaucoup de justesse. Les thèmes abordés sont classiques mais résonnent surtout par la finesse de leur traitement. La force de cette histoire tient avant tout dans la délicatesse de ses personnages et leur profondeur. La fragilité apparente de Clémentine qui va se transformer en assurance une fois sa sexualité assumée. Emma, ensorcelante et inaccessible, trop consciente de ses propres fissures, il suffit d’un seul coup au cœur pour qu’elle se brise. Quand l’une se révèle pour enfin s’épanouir, l’autre se protège pour ne pas se faner. Un amour asymétrique mais total.
Il y a beaucoup d’intensité dans cette relation. Le travail graphique sert vraiment l’histoire et ne tombe jamais dans le voyeurisme. Cadrages et découpages participent à nous plonger dans cette intimité. Les couleurs monochromes s’attachent au passé, laissant traîner une nostalgie suave, le présent aux teintes délavées rappelle la cruelle réalité. Les regards sont expressifs, ils accrochent la lumière et diffusent les sentiments. Le trait est fragile et accompagne la puissance émotionnelle de cette histoire simple.
Le bleu est une couleur chaude, œuvre sur l’acceptation, l’identité et la tolérance. Une histoire d’amour, troublante dans sa sobriété, émouvante dans son humanité. A mettre entre toutes les mains.