Après 20 ans de services, les légionnaires de l'armée romaine sont libérés de leurs engagements. A cette occasion, Jules César remet, en personne, un petit lot de terre à cultiver. Pour Roméomontaigus, ça a été 20 ans à jouer les ivrognes et César, pour le punir avec humour lui offre comme lot de terre, le célèbre village gaulois, pensant ainsi l'envoyer verre un combat dont il sortira perdant, bien entendu.
Malheureusement, Roméomontaigus ne comprend pas cela et décide de vendre son lot à Orthopédix, un tavernier, sa femme Angine, et leur fille, Coriza. Ceux-ci, une fois arrivé dans le village d'Abraracourcix décident de s'y installer et de remplacer ainsi le chef.


On retrouve dans cet album plusieurs idées déjà présente dans La Zizanie ou encore Le Domaine des Dieux. Comme dans ces albums, l'humour repose sur les personnages du village, souvent de mauvaise foi mais toujours drôle et amusant. L'opposition stérile entre deux opposants politiques est intéressante et sera repris par Uderzo dans Le Grand Fossé.
Si la symétrie avec le monde réel est des plus amusante on regrettera la faible présence des jeux de mots, pourtant le domaine privilégié de Goscinny qui aurait dû nous en offrir de nombreux avec un tel terrain de jeu.
Globalement, on s'amuse bien, notamment grâce au ressort principal du scénario : une incompréhension de tous les protagonistes de la blague qu'a fait César.
Plusieurs moments sont très drôles, et cela malgré l'utilisation d'idées récurrents (au hasard : la prise de bec entre Astérix et Obélix, la bouderie d'Obélix puis la réconciliation). Il faut dire que Goscinny connait parfaitement maintenant ses différents personnages, même les mineurs et qu'il arrive à parfaitement les utiliser. C'est une réussite sur ce plan là.
Idem pour Uderzo qui livre un dessin de toute beauté, dynamique, flambant, fort, vif. On est dedans et ça vit. Une seule case est ratée dans l'ensemble de la BD : un visage de Coriza où celle-ci prend 30 ans de plus à cause d'un seul trait. Une erreur qui aurait dû être effacé à l'encrage mais bon … Une seule sur des centaines de cases, on pardonne aisément.


Malgré cela, la grande faiblesse de l'album est le ton profondément misogyne. Nous sommes en 1974, certes, mais ça ne pardonne pas la bêtise. Surtout venant de Goscinny qui est connu pour son intelligence.
Si l'on peut passer sur le papy raciste (vivement dénoncé par Goscinny donc), ou encore la fille de la ville qui déteste la campagne et est superficielle, c'est véritablement le rôle des femmes qui est mauvais ici. Angine et Bonemine sont responsables directement de la guerre des chefs, leurs maris eux, s'en fichent et ne veulent pas s'opposer. Les femmes sont manipulatrices, avides de pouvoirs, calculatrices, cruelles mêmes, mensongères aussi … Angine n'hésite pas à prostituer sa fille en échange d'une voix par exemple … Les hommes eux, semblent balourd, mais profondément gentil. Et finalement, tout rentre dans l'ordre quand Orthopédix assume son rôle de mari et dit à sa femme de la fermer et de lui obéir …


Cet album a beau être drôle et surtout beau, par bien des aspects, clairement, le fond fait fondre ma note.

mavhoc
6
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le 16 août 2015

Critique lue 608 fois

4 j'aime

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