Les échanges effectué à la suite de l'analyse de Jéjé fait son bagou m'amène à proposer une piste de réflexion à propos de cet album.
Je ne possède pas cet album actuellement dans ma bibliothèque et puis je ne vais pas rdire ce que d'autres ont déjà plutôt bien dit. Aussi je vous invite d'abord à consulter la critique de Jéjé et les commentaires.
https://www.senscritique.com/bd/le_combat_des_chefs_asterix_tome_7/critique/298271536
Ceci fait, voici mon bref commentaire.
Jéjé souligne avec justesse la réplique du chef Abaracoursix à la fin du combat qui rappel l'importance vital de conserver ses racines.
L'importance de se propos amène à suggérer qu'ainsi le chef fait allusion à l'attitude des français durant la période de l'occupation. Hypothèse qui n'est pas à exclure mais qui se heurte à quelques écueils.
1) Les auteurs Goscinny et Uderzo ont plusieurs fois dès le début de la saga veiller à opérer une nette distinction entre Romains et Allemands (dès la première page d'Astérix le Gaulois et de manière très explicite avec Astérix chez les Goth) à bien des égards les romains apparaissent dans ce contexte comme des défenseurs de la Gaule (ils gardent les frontières).
Si parfois l'occupation romaine de la Gaule fait référence à l'occupation allemande, celle-ci reste globalement non violente Astérix et Obélix se déplacent sans trop de contrainte dans toute la Gaule (cf Le tour de Gaule) et aurait sans doute assez peu de tracas avec les autorités s'il ne les provoquait pas autant. (Remarquons comment le nombre de fois ou la réaction de césar est provoqué par la branlé que les gaulois ont foutu aux romains).
L'épisode des Jeux Olympiques verra même les gaulois se revendiquant comme romains.
Entre gaulois (y compris les irréductibles) et romains un certain accommodement est de mise.
Notons au passage qu'à la même époque les aventures d'Alix de Jacques Martin mettent plusieurs fois en scène une vision beaucoup plus noir des rapports Romano / Gaulois.
Alors ? Quel sens pourrions nous donner à la mise en scène de ces gallo romains ?
Premier élément :
Une planche d'annonce de l'aventure paru dans Pilote et non reprise dans l'album donne une piste. On y voit Abraracoursix assis derrière une table répondant à des question dans un style parodiant nettement les conférences de presse du président Charles de Gaulle.
Un message net est envoyé au lecteur Abraracourcix = Ch de Gaulle = La France.
Second élément :
Le combat des chefs se déroule dans le cadre d'une fête foraine, symbole insouciance qui dédramatise l'enjeu du combat (le sort de la Gaule n'en sera pas changé). Mais la fête forraine incarne aussi une certaine modernité sociale. Ce que les historiens appellent la civilisation des loisirs (cf: A. Corbin L’Avènement des loisirs (1850-1960), Paris, Flammarion, 1995, coll. « Champs ») trouve là une belle illustration, les attractions proposé n'évoque pas des jeux antiques à la romaines mais des attractions modernes comme les montagnes russes.
Le danger de la romanité semble par là plus s'incarner dans une défiance vis à vis d'une certaine modernité apporté de l'extérieur qui conduit à abandonner traditions et mode de vies ancestrale au profit d'usages étrangers. D'une certaine acculturation face à un modèle de consommation (qu'on suppose d'inspiration américaine).
La référence à Ch de Gaulle prendrait alors tout son sens si l'on met en parallèle ce thème sous-jacent avec la politique étrangère de Ch de Gaulle qui après 1962 (fin de la guerre d'Algérie) s'emploie à oeuvrer à développer l'union européenne (traité de l'Elysée de rapprochement avec l'Allemagne) et à soustraire la France de l'influence américaine (sortie du commandement intégré de l'OTAN, expulsion des base militaires américaines).