Je les ai lu quelques-fois les « XIII ».
Découverts vers l’âge de dix ans au début des années 1990 – et rares albums qui n’étaient pas des emprunts de bibliothèque mais des biens qui m’étaient propres – je peux vous dire que j’ai eu un sacré paquet d’occasions d’y aller et d’y revenir vers cette saga…
Pourquoi je vous précise ça pour ce Tome 6 ?
Eh bah parce qu’à chaque lecture de la saga s’est toujours produit la même chose, et s’est toujours posée la même question. La situation, c’est que « Rouge total » est la fin d’un cycle dans la saga « XIII » et – il se trouve aussi – mon moment préféré. Du coup, forcément, à chaque fois que j’aborde ce « Dossier Jason Fly » qui amorce un nouveau cycle, se pose la question : est-ce que le sentiment de frustration que je ressens dans cet album est propre à des lacunes qui lui sont propres, ou bien c’est juste parce que je suis blasé de passer à autre chose ?
Parce qu’au fond, c’est vrai qu’à chaque fois que j’y repense, j’ai toujours en tête un petit charme qui me colle à la mémoire, et cette idée qu’au fond l’histoire n’est pas si mal que ça. Et à dire vrai, pour y être revenu récemment après une longue période de repos, je pense malgré tout qu’il y a un peu des deux.
Oui, ce « Dossier Jason Fly » a vraiment son petit charme : celui d’un thriller rural à la « U-Turn » ou à la « Fargo », où il s’agit de faire débarquer un étranger dans une petite communauté bien verrouillée sur elle-même pour que ce dernier serve de détonateur pour faire exploser toutes les sales histoires qu’on était parvenu à endormir.
Idem : c’est tout à l’honneur de Van Hamme que d’avoir eu l’audace de résoudre son intrigue de complot sur peu d’épisodes afin que celle-ci ait de la densité, puis derrière se risquer à passer à une toute autre atmosphère pour décliner un tout autre aspect du mystère « XIII »…
Seulement voilà, ça pourrait marcher si les premières faiblesses de la saga ne faisaient pas toutes leur apparition dans cet épisode. Premier problème : les redites. Elles sont à la fois visuelles et scénaristiques.
Visuelles d’abord, notamment au niveau des personnages.
C’est certes chouette de renouveler le bestiaire, mais encore faut-il que toutes les trombines que l’on voit ne nous rappellent pas des décalcomanies des personnages précédents. Judith fait penser au personnage de Felicity dans « Là où va l’Indien ». Kern, le coéquipier de la Mangouste a la même gueule que XIII sauf qu’il est blond et qu’il a une cicatrice. Le shérif Quinn pourrait aisément être confondu avec le sergent… Quinn dans « Spads ». Quant à la faune rurale de Greenfalls, elle ressemble quand même sacrément à celle de Southburg où vivaient les Rowland.
Niveau scénar, ce n’est pas forcément mieux : on comprend vite que David Rigby va connaître le même destin que Ralph dans « Toutes les larmes de l’enfer » ; et qu’encore une fois, il va falloir faire intervenir Jones et La Mangouste pour stimuler le tout…
Alors le pire, c’est que l’un dans l’autre, ça passe.
Je trouve même qu’en fin de compte, au regard de ce que pose cet album et des promesses qu’il fait, il est loin d’être honteux. Disons qu’en fait, j’aurais même pu lui mettre une étoile supplémentaire si la suite derrière avait été géniale, car au fond, il pose assez bien les choses.
Seulement voilà, aujourd’hui difficile de le regarder autrement que comme l’amorce de l’album suivant « la nuit du 3 août », qui ne m’emballe vraiment pas des masses.
Du coup, je l’avoue, c’est avec un maigre enthousiasme que j’arrive à prendre du plaisir sur ce qui étaient pourtant pour moi de bonnes bases pour relancer l’intrigue de « XIII ». Mais bon, sachons rendre à César ce qui revient à César. Si des reproches j’ai a faire concernant ce cycle « Jason Fly », ce serait davantage au tome 7 que je les attribuerais qu’à ce volume 6. Donc si vous voulez en savoir davantage sur ce que je reproche vraiment à ce cycle, à vous d’aller lire ma critique de la suite… ;-)