Pas évident d’aborder un album du bon pied quand on sait qu’il est la continuité d’un cycle qu’on réprouve profondément.
Du coup, c’est du bout des doigts que j’ai parcouru ce « feu écarlate » et, sans surprise, j’ai pas mal peiné à le lire…
Pourtant je dois bien avouer qu’il y a deux-trois trucs qui ont réveillé mon intérêt et qui m’ont fait me dire : « raconté autrement, ce cycle aurait pu être sympa. »
En gros – et on ne va pas se mentir – l’essentiel de mon plaisir s’est trouvé vers la fin de l’album, quand la situation part bien en sucette.
Bagdad en mode apocalyptique, des bateaux du pays Qa dans le ciel, un empire de fanatiques chrétiens aux murailles, et surtout ce gamin en mode « Evangelion » qui manque de se faire bouffer par son propre pouvoir : que des choses qui m’ont parlé.
Donc oui, d’un certain point de vue, il y a dans ce « feu écarlate » un univers et une esthétique sur lesquels m’appuyer.
Seulement voilà tout tombe à l’eau (ou au feu, respectons au moins la thématique) dès qu’on s’intéresse un temps soit peu à l’intrigue qui meut tout ça.
Thorgal enchaine les réactions stupides et primaires, ce qui est peu fidèle au personnage développé par Van Hamme.
Aniel est tellement insupportable qu’on n’a pas envie de le sauver.
Les bateaux-volants du pays Qa, c’est clairement du fan-service dégueulasse à peine justifié par deux lignes de scénario.
L’empire de « Magnus » - pareil - ça sort un peu de nulle part.
Alors au début on se dit que c’est peut-être l’Empire romain. Mais d’un autre côté, Bagdad existe déjà, donc alors on se dit que ça doit être l’Empire de Charlemagne.
Mais d’un autre côté, qu’est-ce que Charlemagne foutrait à Bagdad avec des bateaux volants ?!
Et si tout ça n’a rien à voir, pourquoi dans ce cas utiliser toute l’iconographie des empires romains chrétiens ?!
En somme, soit ça manque d’imagination, soit ça manque de cohérence !
Et que dire aussi de ces sorciers rouges ?!
Franchement, difficile de faire plus caricatural et en rupture avec la cohérence temporelle et spatiale de l’univers « Thorgal ».
Au final, à bien observer ce cycle, au lieu de l’avoir perçu comme un nouvel arc d’exploration et d’enrichissement de la saga, je l’ai juste vécu comme une simple repompée superficielle du cycle du Pays Qâ, sans véritable intelligence ni substance.
Or, je l’avoue, sur moi, le fan-service ça marche très peu.
Pire, ça m’énerve.
Et de constater que « Thorgal » soitt tombé là-dedans depuis une petite plâtrée d’albums, et que le relais pris par Xavier Dorison ne fait qu’entériner cette démarche, moi ça me flingue.
Pitié, tuez Thorgal qu’on en finisse…