Avec Le Feu écarlate, 35ᵉ tome de la série Thorgal, Xavier Dorison et Grzegorz Rosinski tentent de raviver la flamme d’une saga légendaire. Malheureusement, cette étincelle peine à enflammer les cœurs, et l’histoire se transforme en un feu de camp qui crépite à peine, laissant les fans se demander où est passée l’énergie qui faisait vibrer jadis.
Dans cet épisode, Thorgal, héros autrefois fascinant et complexe, semble fatigué, autant par ses péripéties que par une intrigue qui s’embourbe. On le retrouve en quête de sa famille – encore – et confronté à des menaces – encore – mais sans l’intensité ou la profondeur qui faisaient le charme des premiers tomes. L’histoire avance mollement, avec des enjeux qui, bien qu’annoncés comme cruciaux, manquent de souffle épique.
Les personnages secondaires, autrefois solides soutiens ou antagonistes mémorables, peinent à se démarquer. Ils semblent davantage là pour remplir les cases que pour enrichir l’intrigue. Même les nouveaux venus manquent de saveur, laissant le lecteur avec l’impression de déjà-vu.
Visuellement, Rosinski livre un travail toujours solide, mais sans l’étincelle qui caractérisait ses grandes heures. Les décors sont sombres et détaillés, mais les compositions manquent parfois d’énergie, et les scènes d’action ne parviennent pas à insuffler le dynamisme attendu. Les fans du style de Rosinski apprécieront l’effort graphique, mais même la plus belle toile ne peut cacher les fissures d’un scénario en panne.
Narrativement, Xavier Dorison propose une intrigue qui tente de mêler drame familial et enjeux mystiques, mais le tout manque de cohérence et de rythme. Les dialogues, souvent lourds, peinent à capter l’attention, et les rebondissements se perdent dans une construction qui semble hésitante. On sent la volonté de retrouver les racines mythologiques de la série, mais le résultat paraît forcé et peu inspiré.
L’un des points faibles majeurs de Le Feu écarlate est son incapacité à surprendre. Alors que Thorgal a souvent brillé par son mélange d’aventure, de poésie, et de tragédie, cet épisode donne l’impression d’un récit en pilote automatique, où même les moments censés être poignants tombent à plat.
En résumé, Le Feu écarlate est une tentative de poursuivre la légende de Thorgal qui manque de mordant, de souffle épique, et d’âme. Si les fans inconditionnels de la série pourront y trouver quelques éléments intéressants, cet opus ne parvient pas à raviver la magie des débuts. Un tome qui crépite un peu, mais s’éteint vite, laissant une odeur de nostalgie… et de fumée tiède.